Un glissement de terrain « massif » lié à des pluies torrentielles a ravagé un village montagneux du Darfour, dans l’ouest du Soudan, laissant plus d’un millier de morts, a annoncé lundi soir un groupe armé contrôlant la zone, dans ce pays déjà en proie à une grave crise humanitaire.
La catastrophe a frappé dimanche le village de Tarasin dans la région du Darfour (ouest du Soudan) et « complètement détruit » cette zone isolée, très difficile d’accès, selon un communiqué du Mouvement/Armée de Libération du Soudan (SLM), dirigé par Abdulwahid Nour.
« Des informations préliminaires indiquent que tous les habitants du village, dont on estime le nombre à plus d’un millier, sont morts, à l’exception d’une personne qui a survécu« , selon le communiqué.
Des photos publiées par le mouvement montrent des habitants rassemblés sur une immense coulée de boue et de pierres dans une vallée entourée de hautes montagnes. D’autres images publiées par le SLM sur les réseaux sociaux montrent le village enseveli sous une épaisse couche de boue, d’arbres déracinés et de poutres brisées.
Le groupe armé a lancé un appel à l’aide aux Nations unies et autres organisations humanitaires pour récupérer les corps des personnes ensevelies.
Une guerre civile meurtrière oppose depuis 2023 l’armée aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) et a plongé le pays dans une grave crise humanitaire.
Le Mouvement/Armée de libération du Soudan, qui contrôle plusieurs zones des monts Marra où se trouve le village touché, est jusqu’à présent resté essentiellement à l’écart des combats.
Le Jebel Marra est une chaîne volcanique escarpée s’étendant sur environ 160 kilomètres (100 miles) au sud-ouest de la capitale assiégée du Nord-Darfour, El-Fasher, que les RSF assiègent depuis plus d’un an.
La région est sujette aux glissements de terrain, en particulier pendant la saison des pluies qui atteint son apogée en août. Un glissement de terrain en 2018 dans la localité voisine de Toukoli avait fait au moins 20 morts.
– Tragédie –
Le gouverneur pro-armée du Darfour Minni Minnawi a qualifié l’éboulement de « tragédie » et appelé « les organisations humanitaires internationales à intervenir d’urgence » et apporter leur aide. « La tragédie est plus grande que ce que notre peuple peut supporter seul« , s’est-il ému dans un communiqué.
Une grande partie du Darfour comprenant la zone du glissement de terrain reste quasi inaccessible aux acteurs de l’aide humanitaire en raison des combats, alors même que l’état de famine a été déclaré dans plusieurs zones.
Le glissement de terrain survient pendant la saison des pluies, qui rend souvent les routes montagneuses et les zones reculées impraticables.
Depuis avril 2023, la guerre entre le chef de l’armée Abdel Fattah al-Burhan et son ancien allié Mohamed Hamdan Daglo, chef des FSR, a fait des dizaines de milliers de morts, plus de 14 millions de déplacés, et entraîné la « pire crise humanitaire au monde« , selon les Nations unies.
L’armée a repris cette année le contrôle du centre du Soudan, en particulier Khartoum, la capitale. Les FSR, eux, dominent l’essentiel du Darfour et des portions du sud du pays.
Depuis mai 2024, ces paramilitaires tentent de faire tomber El-Facher, dernière grande ville du Darfour encore tenue par l’armée, qui compte quelque 300.00 habitants.
Samedi, au moins 19 personnes ont été tuées et des dizaines blessées dans des frappes aériennes sur El-Facher et aussi dans une clinique visée par l’armée régulière, ont indiqué une source médicale et une ONG, Emergency Lawyers.
La guerre a dévasté l’infrastructure de ce pays d’Afrique du Nord-Est et créé ce que l’ONU décrit comme l’une des plus grandes crises de déplacement et de faim dans le monde. Environ 10 millions de personnes sont actuellement déplacées à l’intérieur du Soudan, tandis que 4 millions supplémentaires ont fui vers des pays voisins, selon l’ONU.
Avec AFP