Le président américain Donald Trump a directement confronté son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa à la Maison Blanche ce mercredi 21 mai 2025.
Il l’a accusé de permettre un « génocide blanc » dans son pays. Cette rencontre diplomatique tendue s’est rapidement transformée en règlement de comptes public sur la question sensible des agriculteurs blancs en Afrique du Sud.
Dans une mise en scène calculée caractéristique de son style présidentiel, Trump a interrompu les échanges protocolaires dans le Bureau ovale pour projeter des vidéos censées prouver ses accusations.
Ces images montraient prétendument des « familles entières » d’agriculteurs blancs contraintes de fuir leurs terres et des « tombes de fermiers » blancs victimes de violences.
« Ils sont tués », a affirmé le président américain devant un Ramaphosa visiblement pris au dépourvu. « Ce sont des fermiers blancs qui fuient l’Afrique du Sud, et c’est très triste à voir. J’espère que nous pourrons avoir une explication à ce sujet, parce que je sais que vous ne voulez pas cela ».
Le président sud-africain a tenté plusieurs fois de répondre, sans succès. À un moment, il a même demandé à pouvoir discuter de ce sujet délicat « calmement », rappelant que « Nelson Mandela nous a appris qu’en cas de problème, les gens doivent s’asseoir autour d’une table et en parler ».
Cette confrontation s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre les deux pays. Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier dernier, Trump a fait de l’Afrique du Sud l’une de ses cibles privilégiées.
Il dénonce régulièrement ce qu’il considère comme une discrimination raciale visant la minorité blanche descendant des premiers colons européens.
Un fait marquant : Elon Musk, l’homme le plus riche du monde et proche conseiller de Trump, était présent lors de cette rencontre. Né en Afrique du Sud, le patron de Tesla et SpaceX est connu pour relayer activement des accusations de « lois racistes » qui viseraient la minorité blanche dans son pays d’origine.
La semaine précédente, les États-Unis avaient officiellement accordé le statut de « réfugiés » à 49 Afrikaners, initiative perçue comme une provocation par Pretoria. Ces Afrikaners appartiennent à la communauté blanche dont sont issus les architectes de l’apartheid, système qui a privé la population noire majoritaire de ses droits fondamentaux pendant des décennies.
Cette politique d’accueil contraste fortement avec le durcissement général de l’immigration américaine sous l’administration Trump, qui a promis des expulsions massives d’immigrés en situation irrégulière et restreint considérablement l’accès à l’asile.
Les relations diplomatiques se sont considérablement détériorées ces derniers mois. Trump a menacé de boycotter le premier sommet du G20 organisé sur le continent africain, prévu en novembre à Johannesburg. Plus grave encore, il a fait expulser l’ambassadeur sud-africain de Washington en mars dernier.
Le contexte économique complexifie davantage la situation. Les États-Unis représentent le deuxième partenaire commercial de l’Afrique du Sud, derrière la Chine. Le porte-parole de la présidence sud-africaine, Vincent Magwenya, avait d’ailleurs souligné avant cette rencontre l’importance de préserver ces relations commerciales face aux menaces de droits de douane.
Ramaphosa était accompagné de trois personnalités afrikaners influentes : deux champions de golf, Ernie Els et Retief Goosen, ainsi que Johann Rupert, l’homme d’affaires le plus fortuné d’Afrique du Sud. Ce choix semblait viser à apaiser les tensions.
Au-delà de la question des agriculteurs blancs, l’administration de Donald Trump reste également furieuse contre le président africain en raison de sa plainte pour génocide déposée contre Israël devant la Cour internationale de Justice (CIJ).