Dominée par l’Afrique du Sud, le Maroc et le Sénégal, la Côte d’Ivoire cherche à briller dans ce sport sur le continent

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Crédit Photo : IRIS

Sur la plage ivoirienne d’Assinie qui l’a vu grandir, Souleymane Sidibé regarde les vagues et étale les derniers morceaux de cire sur sa planche pour ne pas glisser : dans quelques minutes, il devra montrer au jury d’une compétition africaine de surf qu’il est un futur champion.

Avec un littoral de 570 km sur l’Atlantique et des vagues parfois impressionnantes, la Côte d’Ivoire essaie d’exister sur la carte africaine de la discipline, dominée par l’Afrique du Sud, le Maroc ou le Sénégal.

Fin février, la plage d’Assinie, à 80 kilomètres d’Abidjan, a accueilli pour la première fois un tournoi continental de la discipline, « l’Africa surf tour », symbole de l’essor de ce sport dans le pays.

« Ces dernières années, il y a eu de plus en plus de personnes qui se sont mises à la pratique du surf », affirme Souleymane Sidibé à l’AFP.

Au vu du phénomène, l’athlète âgé de 30 ans a créé une ONG pour démocratiser ce sport et ouvert son école, la « Souley Surf School », venue s’ajouter à la poignée de clubs qui existent depuis 2017.

En ce samedi matin, parmi les dizaines de supporters, de jeunes surfeurs amateurs drapeau ivoirien à la main ont, comme lui, dû se former seuls en imitant les plus expérimentés.

« Je suis venu regarder pour apprendre des choses », confie Kouadio Daniel Koffi, 22 ans à l’affût des « take-off », des « roller » et autres figures réalisées par son modèle, un des seuls professionnels de sa génération dans le pays.

Il faut « mettre les surfeurs africains en avant » sur leur continent, assure le président de la Confédération africaine de surf (ASC), le Sénégalais Oumar Seye, qui a organisé la compétition.

En Afrique, « on a des super vagues, on a un beau littoral, on a tout ce qu’il faut pour que ce sport puisse prendre le lead », estime-t-il.

Souleymane Sidibé reconnaît avoir besoin de voyager pour progresser, mais il vante les mérites de la plage d’Assinie où les vagues se brisent près du rivage lui permettant d’avoir « une lecture plus développée » de sa discipline.

Mais en Côte d’Ivoire, comme au Ghana et au Liberia voisins, autres pays émergents du surf ouest-africain, les obstacles restent nombreux.

– Vivre du surf –

« C’est très difficile d’avoir des visas pour faire des compétitions en Europe ou ailleurs parce qu’on n’a pas de sponsors », déplore à sa sortie de l’eau Guy Constantin Bouillaud, Ivoirien de 29 ans.

A quelques mètres de lui, le Libérien Carlos Watson, 21 ans, confirme, attendant son tour en longeant la mer.

« Mon but pour cette compétition africaine est de faire connaître le Liberia », lance-t-il, même si « c’est très difficile pour un Libérien de faire partie d’une compétition internationale de surf, d’être un champion ».

Dans ce pays classé parmi les plus pauvres d’Afrique, « tout le monde s’autofinance », explique t-il.

Autre problème : le prix du matériel.

En Côte d’Ivoire, The West Factory est le premier et le seul atelier du pays à fabriquer des planches de surf, depuis 2014. Une initiative qui témoigne de l’intérêt pour ce sport, mais dont les produits sont réservés à une certaine classe sociale.

Situé dans un quartier d’Abidjan, l’atelier produit entre 50 et 60 planches par an, vendues entre 350.000 et 500.000 francs CFA (entre 533 et 762 euros), soit entre cinq et sept fois le salaire ivoirien mensuel minimum.

En effet, certains matériaux sont importés d’Afrique du Sud, comme la résine, le pain de mousse et la fibre de verre.

Alors les surfeurs amateurs s’entraînent grâce à des dons de planches de deuxième main.

Sur les 46 participants de l’Africa Surf Tour d’Assinie, seuls cinq parviennent à vivre de ce sport : le Sud-Africain Paul Sampson, vainqueur, et quatre Sénégalais, dont l’espoir Chérif Fall.

« Mon ambition, c’est de me qualifier aux Jeux Olympiques », affirme le Dakarois qui vit aujourd’hui en Californie.

Selon lui, « si on est un champion, que ce soit au Sénégal ou en Côte d’Ivoire, il y a besoin de voyager un peu partout pour avoir de l’expérience », et affronter la concurrence.

Avec AFP