Doliprane : gros changement sur le médicament très consommé en France

Doliprane

Credit Photo : Pharmacie des Rochettes

À Compiègne, 630 emballages blister de Doliprane défilent chaque minute sur la ligne de conditionnement d’Opella. Moins de deux mois après sa séparation de Sanofi, le numéro trois mondial du marché des médicaments sans ordonnance mise sur la croissance en s’appuyant sur ses marques, qu’elles soient locales ou mondiales.

Désormais à moitié américaine depuis son rachat par le fonds d’investissement CD&R, Opella a ouvert jeudi les portes de son site industriel de Compiègne à la presse. Objectif : rassurer sur la pérennité de la production de Doliprane, marque emblématique du paracétamol français et exposer sa stratégie de croissance.

Outre le Doliprane, dont il assure le tiers de la production totale (les deux tiers proviennent de l’autre site français d’Opella, à Lisieux, en Normandie), le site de Compiègne fabrique par exemple aussi les antihistaminiques Allegra (Allervi, nom commercial français) ou le laxatif Dulcolax et produit pour les États-Unis.

« On est clairement sur un objectif de croissance avec une vraie volonté de toucher plus de consommateurs », a déclaré la nouvelle PDG d’Opella France, Ségolène de Marsac, nommée en mai.

Présente dans les maux du quotidien (allergie, rhume, sommeil, douleur…) mais aussi les vitamines, compléments alimentaires et la nutrition sportive, Opella a distribué deux milliards de boîtes dans le monde l’an dernier, touchant 500 millions de patients.

Sachant que « 30 à 40% ne se soignent pas avec des produits de premier recours », la dirigeante entend justement mieux « cibler » cette population encore éloignée de l’automédication.

Accélérer la vente en ligne

Pour être le plus proche possible du consommateur, Opella compte ainsi se développer dans la vente en ligne. Ce canal ne représente pour l’heure qu’environ 10% du chiffre d’affaires du groupe et une place plus marginale en France (1 à 2%) du fait de la réglementation.

« On souhaite doubler nos capacités de ventes numériques d’ici 2030 », a chiffré Rafik Amrane, le directeur des opérations industrielles d’Opella.

La croissance passe aussi par une « extension » des marques (il en existe une centaine à travers le monde), dont 15 sont à l’origine d’environ 80% de la croissance du groupe ces toutes dernières années.

Ainsi, « dans quelques semaines », le probiotique « Enterogermina sera lancé en Espagne et en Roumanie », a cité Mme de Marsac.

Globalement, l’Hexagone, deuxième marché derrière les États-Unis, ne représente qu’une petite partie de son activité (9% du chiffre d’affaires de 5 milliards d’euros).

Mais à lui tout seul, le Doliprane, 2e marque du groupe au niveau mondial, représente 70% des ventes d’Opella en France.

Symbole de l’automédication à la française, cet antidouleur proposé sous plusieurs formes (comprimés, gélules, sachets, sirop…) règne dans le pays avec près d’un million de boîtes jaunes produites quotidiennement, dont 95 % destinées aux consommateurs français.

Au Japon, l’antidouleur Eve joue un rôle similaire, faisant partie des marques locales d’Opella à fort ancrage culturel.

L’innovation, autre clé de la croissance

Pour l’heure, le nom de Sanofi, qui avait annoncé il y a deux ans « 20 millions d’euros d’investissements supplémentaires à Lisieux pour augmenter de 40% la capacité de production du Doliprane dans les prochaines années », apparaît encore sur les boîtes, mais il est voué à progressivement disparaître.

Cet investissement a été rehaussé depuis à 25 millions par Opella, qui a prévu d’investir aussi « 12 millions d’euros à Compiègne cette année dans des machines plus performantes, sur la partie conformité/qualité et sur l’environnement », indique à l’AFP Kais Landoulsi, directeur du site compiégnois.

Depuis la sortie de Sanofi, « nous avons une plus grande liberté stratégique et de développement », se réjouit-il.

Ce que confirme Damia Leydet, la directrice du centre de développement implanté sur le site : au moment où la cession était à l’étude, « il y a 3 ans, on avait moitié moins de projets ».

Ses équipes explorent de nouvelles formules galéniques, cherchent à améliorer des formules existantes et travaillent sur de nouveaux dosages.

En tout, « 44 projets de développement sont en cours dont deux concernent le Doliprane », avec une nouvelle formule améliorée pour les adultes qui va sortir cette année en dosage 1000 mg en France, a-t-elle révélé.

© Agence France-Presse

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