Les présidents russe Vladimir Poutine et chinois Xi Jinping sont ce mercredi 3 juillet 2024, au Kazakhstan pour un sommet régional réunissant plusieurs pays aux relations tendues avec l’Occident, où ils devraient prêcher pour un monde multipolaire cher à Pékin et Moscou.
Vladimir Poutine a atterri au petit matin à l’aéroport d’Astana, capitale de la première économie d’Asie centrale où doit se tenir jeudi un sommet de l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS). Xi Jinping était lui arrivé la veille.
L’OCS, qui compte actuellement neuf pays membres (Chine, Inde, Iran, Russie, Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan, Pakistan, Tadjikistan), est pensée comme une plateforme de coopération concurrente des organisations occidentales, censée contribuer à l’avènement d’un monde « multipolaire », terme récurrent dans la bouche des dirigeants russes et chinois.
L’Iran l’a récemment intégrée. L’adhésion du Bélarus, premier allié de Moscou dans sa guerre en Ukraine, devrait être annoncée à l’issue du sommet de jeudi.
Mais de nombreuses dissensions existent entre ses membres. Si MM. Poutine et Xi souhaitent faire front commun face à l’Occident, ils restent concurrents sur le plan économique, notamment en Asie centrale, région riche en hydrocarbures et cruciale pour le transport de marchandises entre l’Europe et l’Asie.
Parmi les rencontres bilatérales prévues en marge du sommet, les deux hommes doivent s’entretenir mercredi ; à une heure encore non précisée. Cette rencontre interviendra un mois et demi après leur sommet en Chine mi-mai, où le dirigeant russe était allé chercher un soutien accru à sa guerre en Ukraine.
Selon le Kremlin, M. Poutine rencontrera aussi son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, selon Ankara, qui a proposé à de nombreuses reprises sa médiation pour mettre fin au conflit ukrainien.
Les dirigeants d’Asie centrale, région riche en hydrocarbures et cruciale pour le transport de marchandises entre l’Europe et l’Asie, sont régulièrement courtisés par MM. Poutine, Erdogan et Xi.
Cette tendance s’est accentuée depuis l’invasion russe de l’Ukraine, Moscou voulant maintenir son influence sur ces républiques ex-soviétiques, désormais étroitement liés à la Chine via des projets économiques d’envergure.
L’Asie centrale, Kazakhstan en tête, est un maillon essentiel du projet chinois des Nouvelles routes de la soie, vaste chantier d’infrastructures lancé il y a plus d’une décennie par Xi Jinping.
Le président chinois a ainsi loué le « partenariat stratégique éternel » entre Pékin et Astana, selon une lettre publiée mardi par le média d’Etat « la Pravda du Kazakhstan ».
Les pays occidentaux entendent néanmoins rester dans le jeu. Plusieurs dirigeants européens se sont récemment rendus dans la région.
Nouvel essor
L’adhésion prévue du Bélarus portera à dix le nombre de membres de cette organisation fondée en 2001, qui a pris un nouvel essor ces dernières années comme bloc censé faire contrepoids à l’influence occidentale, avec un accent mis sur les questions sécuritaires et économiques.
L’organisation se donne notamment pour objectif de lutter contre ce que Pékin appelle les « trois maux » : le séparatisme, le terrorisme et l’extrémisme.
Signe de l’importance croissante de l’organisation, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, sera également présent à Astana.
Le Premier ministre indien Narendra Modi, attendu en Russie ce mois-ci, sera cependant absent. L’Iran, qui attend de désigner son nouveau président lors du second tour de la présidentielle vendredi, sera représenté par son président par intérim, après la mort mi-mai du dirigeant Ebrahim Raïssi dans un accident d’hélicoptère.
Outre ses pays membres, l’OCS comprend également 14 Etats partenaires de dialogue, comme la Turquie et des pays arabes du Golfe.
A l’issue du sommet d’Astana, la Chine occupera la présidence tournante de l’OCS pour la période 2024-2025.
© AFP
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