Des milliards en jeu : les États-Unis instaurent de nouvelles règles pour bénéficier de leurs aides

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Crédits photo : Pexels / © Pixabay

Les États-Unis redéfinissent les conditions d’accès à ses aides sanitaires. Un document préparé par le département d’État américain, et consulté par Reuters, précise que les pays recevant des financements dans le domaine de la santé devront désormais transmettre rapidement à Washington des informations détaillées sur les agents pathogènes impliqués lors d’épidémies.

Selon le texte, les gouvernements bénéficiaires devront fournir des échantillons biologiques et des données de séquençage génomique dans les cinq jours suivant la détection d’une flambée. Pas dix, cinq seulement.

Cette exigence vise à permettre une évaluation scientifique précoce et, surtout, la mise au point accélérée d’outils médicaux. Cependant, le document ne garantit pas l’accès aux médicaments ou vaccins qui pourraient découler de ces recherches. Ce point demeure sensible.

Certains spécialistes y voient un risque de répétition des déséquilibres observés durant la pandémie de COVID-19. Plusieurs pays à revenu faible ou intermédiaire avaient alors contribué aux premières analyses sur des variants émergents, avant de se heurter à des difficultés d’accès aux traitements et doses de vaccins. L’histoire récente, en somme.

Ces nouvelles règles arrivent alors que les négociations se poursuivent à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) autour d’un futur accord international sur les pandémies.

Cet accord vise notamment à organiser le partage d’agents pathogènes et la répartition des bénéfices découlant de leur utilisation. « L’objectif est d’assurer un accès juste et rapide aux résultats des recherches », a rappelé Christian Lindmeier, porte-parole de l’OMS, interrogé par Reuters.

Or, plusieurs observateurs estiment que les accords bilatéraux envisagés par Washington pourraient décaler ces discussions globales. Michel Kazatchkine, ancien directeur du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, a déclaré lors d’une réunion à Genève : « Ces accords… vont contourner l’OMS et les principes de solidarité et d’équité que nous tentons de bâtir ici. » Sa remarque résonne fortement parmi les diplomates et experts présents.

Le mémorandum évoqué couvre les programmes de santé américains jusqu’en 2030. Il inclut également des objectifs liés à la lutte contre le VIH, la réduction de la mortalité maternelle et la vaccination contre la rougeole. Toutefois, l’accord concernant le partage des agents pathogènes aurait une durée plus longue, s’étendant sur vingt-cinq ans.

Dans certains pays africains, les discussions se poursuivent. Le ministère de la Santé du Ghana, par exemple, a reconnu à nos confrères de Reuters avoir reçu un document américain sur la santé mondiale, sans préciser son contenu.

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