L’agence anti-corruption du Ghana, pays d’Afrique de l’Ouest, a inculpé l’ancien chef de l’autorité de régulation du pétrole et six autres personnes pour corruption et blanchiment d’argent, a annoncé ce jeudi 17 juillet 2025 dans un communiqué le Bureau du procureur spécial (OSP).
Au total, 25 chefs d’accusation ont été retenus contre Mustapha Abdul-Hamid, l’ancien directeur général de l’Autorité nationale du pétrole (NPA), ainsi que six autres personnes et trois entreprises, soupçonnés d’être impliqués dans un « vaste réseau de corruption ».
« Ce réseau, mis en place par Abdul-Hamid (…), n’avait aucun mandat légal et profitait de sa position au sein de la NPA » entre 2022 et décembre 2024, a déclaré jeudi Samuel Appiah Darko, directeur de la communication de l’OSP, dans un communiqué de presse.
M. Abdul-Hamid est accusé d’avoir reçu directement 2,3 millions de dollars (1,98 million d’euros) et bénéficié d’un réseau de détournement plus vaste, évalué à 28 millions de dollars. Il nie toute malversation.
« Je n’ai jamais accepté de pot-de-vin ni participé à un quelconque stratagème illicite pendant mon mandat à la NPA », a-t-il déclaré à l’AFP par téléphone.
« Je suis disposé à coopérer avec l’État pour laver mon nom devant les tribunaux », a-t-il ajouté.
Selon le procureur spécial, Jacob Kwamina Amuah, ancien coordinateur du Fonds unifié pour la fixation des prix du pétrole, et Wendy Newman, salariée de la NPA, sont les principaux architectes de ce réseau.
Ils sont accusées d’avoir collecté illégalement des fonds auprès de sociétés de commercialisation et de transport de pétrole et d’avoir blanchi les bénéfices via un réseau de sociétés écrans.
Les sociétés impliquées – Propnest, Kel Logistics et Kings Energy – auraient été utilisées pour « acheter et construire des maisons, acquérir des camions pour une entreprise de distribution de pétrole et construire des stations-service », a déclaré l’OSP.
L’OSP a précisé que le directeur de Kel Logistics, Osei Tutu Adjei, est en fuite.
Ces accusations constituent la dernière mesure prise dans le cadre de la campagne de grande envergure lancée début 2025 par le président John Mahama pour récupérer les fonds publics détournés et poursuivre les anciens fonctionnaires.
John Mahama est revenu au pouvoir en janvier après son élection, huit ans après son premier mandat, en faisant notamment campagne sur la lutte contre la corruption.
« La crédibilité de Mahama dépend de l’impartialité de ces poursuites. Les Ghanéens observent s’il s’agit d’une véritable réforme ou d’une purge politique déguisée », a déclaré par téléphone à l’AFP Joshua Jebuntie Zaato, analyste politique à l’université du Ghana.
Depuis le lancement de la campagne de recouvrement, plusieurs anciens responsables gouvernementaux ont été arrêtés ou inculpés, tandis que des dizaines d’autres font l’objet d’enquêtes menées par l’Office des crimes économiques et organisés (Economic and Organised Crime Office, EOCO) et le bureau du procureur spécial.
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