Dans ce pays africain, le pouvoir gracie l’ancien président tombé par un coup d’État

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Crédits photo : Pixabay

En Guinée, le général et président de la transition, Mamadi Doumbouya, a décidé de gracier l’ancien chef d’État Moussa Dadis Camara.

Le tout a été rendu officiel par décret présidentiel, lu à la télévision nationale le vendredi 28 mars 2025. Les motifs évoqués sont des « raisons de santé ».

Il faut savoir que cette grâce intervient moins d’un an après la condamnation de l’ancien chef d’État à vingt ans de prison pour crimes contre l’humanité.

Le procès, qui avait duré près de deux ans, avait permis de juger sa responsabilité dans le massacre du 28 septembre 2009, l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire contemporaine guinéenne.

Retour sur le massacre de Camara en Guinée

Ce jour-là, au moins 156 personnes avaient été tuées lors de la répression d’un rassemblement de l’opposition dans un stade de Conakry.

Les victimes avaient été abattues par balle, égorgées au couteau, à la machette ou à la baïonnette. Plus d’une centaine de femmes avaient été violées et de nombreux détenus torturés, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU.

La Guinée, riche en ressources minières, mais marquée par une instabilité politique chronique, tente depuis des années de panser les plaies de son passé violent.

La décision de gracier Dadis Camara intervient paradoxalement quelques jours après l’annonce par la même junte de la « prise en charge des frais d’indemnisation des victimes du massacre ». Ces réparations, ordonnées par le juge, s’échelonnent de 20 000 à 160 000 euros selon les cas.

Cette série de décrets présidentiels s’inscrit pareillement dans un contexte politique tendu. Arrivée au pouvoir par un putsch en 2021, la junte militaire dirigée par le général Doumbouya avait pourtant permis la tenue du procès historique tant attendu par les victimes.

Mais aujourd’hui, les observateurs internationaux s’inquiètent des restrictions croissantes des libertés dans le pays.

De nombreux opposants ont disparu ou sont inquiétés par la justice, les manifestations réclamant le départ des militaires sont régulièrement interdites et plusieurs médias ont été fermés.

La grâce accordée à Moussa Dadis Camara pose la question de l’engagement réel des autorités guinéennes dans la lutte contre l’impunité.

L’ancien dictateur, qui avait lui-même pris le pouvoir par un coup d’État en 2008, avait été blessé par balle à la tête par son aide de camp en décembre 2009.

Après douze ans d’exil au Burkina Faso, il était rentré en Guinée fin 2021, affirmant vouloir « se mettre à la disposition de la justice ». En novembre 2023, il s’était brièvement évadé de prison avant d’être repris le jour même.

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