La cybersécurité s’impose aujourd’hui comme un enjeu majeur aussi bien dans la vie administrative que dans le quotidien des citoyens. Consciente de l’ampleur croissante des cybermenaces, l’Agence nationale de cybersécurité (ANCY) a tenu ce mardi, à l’hôtel Sarakawa de Lomé, sa rencontre annuelle avec les médias.
Cette rencontre visait à faire le point sur les actions menées en 2025, à présenter les projets à venir pour 2026, mais aussi à renforcer les capacités des professionnels des médias face aux nouvelles formes de cybercriminalité.
80 % des cybermenaces liées aux fraudes et arnaques
Selon L’ANCy, près de 80 % des cybermenaces recensées au Togo concernent les fraudes et les arnaques en ligne, touchant aussi bien les citoyens que les entreprises. Une situation qui justifie l’implication directe des médias dans la sensibilisation du public.
Pour le directeur général de L’ANCy, le commandant Gbota Gwaliba, la lutte contre la cybercriminalité ne peut être gagnée sans une collaboration étroite avec la presse.
« On ne peut pas gagner la lutte contre la cybercriminalité sans associer les médias. Vous êtes des relais essentiels de la bonne information et des bonnes pratiques en matière de cybersécurité », a-t-il déclaré.
Former les médias pour mieux protéger leurs outils de travail
Au-delà du bilan annuel, cette rencontre avait un objectif pédagogique. L’ANCy entend aider les médias à mieux sécuriser leurs outils numériques, devenus indispensables à la production et à la diffusion de l’information.
« Vos ordinateurs, vos serveurs, vos comptes sur les réseaux sociaux et vos canaux de diffusion sont aujourd’hui vos principaux outils de travail. S’ils ne sont pas protégés, vous risquez de perdre des données et des archives parfois sensibles », a averti le directeur de L’ANCy.
Crédit Photo : LFRII MEDIAS / les médias lors de la rencontre annuelle avec l’ANCy
L’agence annonce d’ailleurs pour 2026 des formations plus poussées et spécialisées à l’intention des médias et de leurs webmasters.
Des investissements massifs pour sécuriser l’administration publique
Dans le cadre du renforcement des capacités nationales, 250 informaticiens de l’administration publique suivent actuellement des formations certifiantes en cybersécurité, représentant plusieurs centaines de millions de francs CFA d’investissements.
« Une administration bien protégée, ce sont des ressources informationnelles de l’État sécurisées », a souligné le commandant Gbota Gwaliba.
Le Togo multiplie également les accords de coopération avec d’autres agences nationales de cybersécurité, notamment avec la Pologne, le Mozambique, le Ghana, la Gambie et le Nigeria, afin de mutualiser les compétences et les expériences.
Rançongiciels, sextorsion et deepfakes : des menaces bien réelles
L’ANCY a alerté sur la recrudescence des rançongiciels, attaques qui consistent à chiffrer les données d’une entreprise ou d’une institution avant d’exiger une rançon. Plusieurs grandes entreprises de la place en auraient déjà été victimes.
Les officiels ont également mis en garde contre l’hameçonnage, les attaques par stealers, la sextorsion, ainsi que les arnaques financières facilitées par l’intelligence artificielle.
« Aujourd’hui, un cybercriminel peut créer une fausse vidéo de votre directeur vous demandant d’effectuer un virement. Certains comptables ont déjà été piégés », a expliqué le directeur de L’ANCy.
Face à ces risques, l’agence appelle à une vigilance accrue et à une meilleure éducation numérique des populations.
Le CERT.tg, un dispositif d’alerte permanent
Le CERT.tg, centre national de réponse aux incidents de cybersécurité, reste opérationnel 24 heures sur 24 pour recevoir et traiter les signalements d’attaques.
L’ANCY invite les citoyens et les entreprises à signaler rapidement toute tentative de cyberattaque afin de limiter les dégâts.
Actions phares menées par l’ANCy en 2025
En 2025, l’Agence nationale de cybersécurité a organisé le Capture The Flag (CTF) National 2025, avec pour objectif de renforcer les capacités techniques des jeunes en les mettant en situation réelle de résolution de défis et de bâtir au Togo un véritable vivier de talents en cybersécurité.
Elle a également procédé à la signature de mémorandums d’entente avec plusieurs pays, notamment la Pologne, le Mozambique, le Ghana, la Gambie et le Nigeria, dans le cadre du renforcement de la coopération internationale.
Des opérations de sensibilisation en milieu scolaire ont été menées pour l’année académique 2025-2026 en collaboration avec le ministère de la Sécurité et de la Protection civile. L’ANCY a par ailleurs lancé le processus de qualification des prestataires de services en cybersécurité ainsi que des formations certifiantes au profit de 250 professionnels.
Des manuels et guides pédagogiques ont été élaborés afin de promouvoir la cybersécurité dans les enseignements primaire et secondaire au Togo. L’agence a aussi renforcé la sensibilisation thématique des médias et assuré la publication régulière d’alertes de cybersécurité à l’attention du public.
Sensibilisation à la cybersécurité
Durant la rencontre, les officiels ont livré plusieurs conseils pratiques aux professionnels des médias. Ils ont mis en garde contre différentes techniques de piratage de l’information, notamment l’hameçonnage, les attaques par stealers, la sextorsion, les rançongiciels et les arnaques en ligne.
Ils ont recommandé l’adoption de bonnes pratiques telles que la mise à jour régulière des logiciels, l’évitement des logiciels piratés ou crackés, la vérification des fuites de données liées aux adresses électroniques, la réalisation de sauvegardes régulières des informations et la sécurisation des réseaux Wi-Fi.
Un appel à la vigilance collective
Pour L’ANCy, la cybersécurité est l’affaire de tous. La naïveté et le manque d’information restent les principaux facteurs de vulnérabilité face aux cybercriminels.
« Le seul remède à la cybercriminalité, c’est la vigilance et l’information », a conclu le commandant Gbota Gwaliba, appelant les médias à relayer massivement les messages de prévention.