Cybercriminalité : l’Algérie s’allie au Royaume-Uni pour traquer les criminels

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Crédits photo : elmoudjahid

Un mémorandum d’entente a été signé en novembre 2025 à Londres entre l’Algérie et le Royaume-Uni dans le cadre de la lutte contre la cybercriminalité. Ali Badaoui, directeur général de la Sûreté nationale algérienne, et Alex Norris, ministre d’État britannique chargé de la Sécurité des frontières et de l’asile, ont paraphé l’accord. Le texte vise à renforcer les capacités algériennes en matière d’analyse des empreintes électroniques et de reconnaissance biométrique.

Cette coopération s’inscrit dans un contexte où les menaces numériques transnationales ne cessent de croître. Les traces laissées sur les supports numériques — historiques de connexion, métadonnées, identifiants techniques — permettent désormais d’identifier les auteurs d’infractions et de relier plusieurs délits entre eux. Bref, l’exploitation de ces empreintes électroniques devient un outil indispensable pour les enquêteurs.

Concrètement, l’accord prévoit la formation de cadres et de techniciens algériens aux technologies biométriques de pointe utilisées outre-Manche. Le Royaume-Uni dispose d’une expertise reconnue dans ce domaine. Sa base de données IDENT1 recense plus de 28,3 millions de formulaires d’empreintes digitales issus d’enquêtes policières, selon le rapport officiel « Forensic Information Databases 2023-2024 ».

La Police Digital Service britannique a développé une plateforme cloud qui permet d’envoyer des images d’empreintes depuis les scènes de crime vers les laboratoires, puis d’analyser ces empreintes en temps réel. Le système accélère les correspondances grâce à la base IDENT1. L’Algérie pourrait ainsi accéder à des méthodes et protocoles numériques avancés pour identifier des suspects plus rapidement.

Lors de sa visite, Ali Badaoui, accompagné de hauts responsables de la Direction générale de la sécurité nationale (DGSN), a également visité la National Crime Agency (NCA) à Londres. Cette agence britannique, spécialisée dans la lutte contre la criminalité organisée, a partagé ses meilleures pratiques avec la délégation algérienne.

Un continent face à l’urgence numérique

L’Algérie accélère la modernisation de ses outils de police scientifique face à la hausse des affaires liées aux trafics transfrontaliers, aux réseaux criminels structurés et à la cybercriminalité. Le phénomène touche l’ensemble du continent africain. Selon le rapport « Africa Cyberthreat Assessment 2025 » d’INTERPOL, 90 % des pays africains estiment qu’ils doivent renforcer de manière significative leurs capacités d’enquête et de poursuite en matière de criminalité numérique.

Enfin, les données recueillies par INTERPOL montrent que les délits liés au cyberespace représentent une part moyenne à élevée de l’ensemble des crimes dans deux tiers des États membres africains de l’organisation. Cette proportion atteint 30 % en Afrique de l’Ouest et de l’Est. Les escroqueries en ligne, notamment par hameçonnage, constituent les cybercrimes les plus fréquemment signalés sur le continent.

Notons que le partenariat algéro-britannique devrait permettre à l’Algérie de combler certaines lacunes dans ses capacités biométriques. Selon Ali Badaoui, cette collaboration améliorera les compétences nationales en matière de reconnaissance et de vérification d’identité, un enjeu devenu stratégique face à la montée de la criminalité organisée.

L’accord prévoit également l’échange d’expertises autour de l’analyse avancée des empreintes électroniques. Ce procédé consiste à exploiter l’empreinte numérique laissée par les individus afin d’établir l’identité, de reconstituer des activités en ligne ou de relier plusieurs infractions entre elles. Les méthodes de capture, de comparaison et d’identification utilisées au Royaume-Uni pourraient ainsi être transférées aux équipes algériennes.

Cette initiative intervient également au moment où l’Algérie multiplie les engagements internationaux dans la lutte contre la cybercriminalité. Le pays a présidé le comité spécialisé chargé de l’élaboration de la première Convention internationale des Nations unies sur la cybercriminalité, adoptée en décembre 2024 lors de la 79e Assemblée générale. L’Algérie a ratifié cette convention en octobre 2025 lors d’une cérémonie à Hanoï, au Vietnam.

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