Critiques d’Aliko Dangote sur la gestion pétrolière du pays : Bola Tinubu décide de…

Bola Tinubu Aliko Dangote

Crédits photo : LSI Africa / SHN

Le président nigérian Bola Tinubu a tranché après la sortie d’Aliko Dangote : ce mercredi 17 décembre 2025, le chef d’État a transmis au Sénat les noms de deux nouveaux responsables destinés à diriger les agences de régulation pétrolière.

Cette décision intervient après le départ précipité de Gbenga Komolafe et Farouk Ahmed, respectivement à la tête de la Nigerian Upstream Petroleum Regulatory Commission et de la Nigerian Midstream and Downstream Petroleum Regulatory Authority.

Les démissions surviennent dans un contexte explosif. Aliko Dangote, l’homme le plus riche d’Afrique, avait déposé lundi 16 décembre une plainte officielle contre Farouk Ahmed auprès de la Commission Indépendante des Pratiques Corruptives.

Le milliardaire accuse le régulateur d’avoir facilité l’entrée massive de carburants importés à prix cassés, menaçant directement les raffineries nationales. Sa propre installation de Lagos, d’une capacité de 650 000 barils par jour, se trouve au cœur de cette bataille.

Dans sa pétition transmise par son avocat Ogwu James Onoja, Dangote évoque des dépenses personnelles considérables. L’industriel affirme que le responsable aurait consacré plus de sept millions de dollars aux frais de scolarité de ses quatre enfants dans des établissements suisses, des sommes payées d’avance pour une période de six ans. Ces montants dépasseraient largement les revenus légitimes d’un fonctionnaire nigérian, selon le pétitionnaire. L’agence anticorruption a confirmé la réception du dossier et promet une enquête.

Komolafe, lui, s’était opposé à Dangote sur l’application d’une réglementation existante. Cette règle impose théoriquement aux producteurs de pétrole brut de privilégier l’approvisionnement des raffineries locales avant toute exportation. Le différend porte ainsi sur des questions juridiques autant que sur des intérêts économiques divergents.

Pour succéder à Komolafe, le chef de l’État propose Oritsemeyiwa Amanorisewo Eyesan. Diplômée en économie de l’université du Bénin, cette femme a passé trente-trois ans au sein de la Nigerian National Petroleum Company. Elle en a même dirigé certaines filiales. Son parcours professionnel s’inscrit entièrement dans l’appareil pétrolier national.

Le remplaçant désigné pour Farouk Ahmed se nomme Saidu Aliyu Mohammed. Cet ingénieur chimiste formé à l’université Ahmadu Bello cumule trente-sept années d’expérience dans le secteur. Il a notamment dirigé la raffinerie de Kadouna et la Nigerian Gas Company. Plus récemment, il siégeait comme administrateur indépendant chez Seplat Energy. Ses contributions incluent l’élaboration du Gas Master Plan nigérian et la supervision de projets d’envergure comme le pipeline Ajaokuta-Kaduna-Kano.

Selon Ayodele Oni, avocat spécialisé en énergie chez Bloomfield à Lagos, ces changements ne devraient pas affecter la confiance des investisseurs. Les deux candidats possèdent une expérience solide acquise dans les institutions étatiques. Leur connaissance des rouages administratifs pourrait faciliter la transition.

L’affaire dépasse néanmoins les simples nominations. Elle révèle les tensions structurelles qui traversent le secteur énergétique nigérian. Le pays demeure le premier producteur de pétrole d’Afrique mais continue paradoxalement d’importer l’essentiel de ses carburants raffinés. La raffinerie Dangote, opérationnelle depuis janvier dernier, devait justement inverser cette logique. L’installation a coûté près de vingt milliards de dollars. Son promoteur espérait transformer le Nigeria en exportateur de produits finis.

Les obstacles administratifs ont contrarié ces ambitions. Dangote affirme que l’approvisionnement en brut local reste insuffisant malgré les textes en vigueur. Son groupe importe actuellement cent millions de barils annuellement, un volume qui pourrait doubler avec l’expansion prévue. Cette situation alimente les accusations mutuelles entre l’industriel et les autorités de régulation.

Farouk Ahmed avait précédemment affirmé que la raffinerie cherchait à instaurer un monopole. Le régulateur estimait aussi que la production actuelle ne couvrait pas la demande nationale, évaluée à cinquante-cinq millions de litres quotidiens. Cette appréciation avait conduit la NMDPRA à déconseiller toute interdiction des importations auprès de la présidence. Bref, les chiffres eux-mêmes font l’objet d’interprétations contradictoires.

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