Crise Bénin-Niger : « je t’aime, moi non plus », Patrice Talon et Tiani retrouvent le chemin de la raison

Crise Bénin-Niger : « je t’aime, moi non plus », Patrice Talon et Tiani retrouve le chemin de la raison

Crédit Photo : LSi Africa/Présidence de la République du Bénin

Après plusieurs mois de tension entre le Niger et le Bénin alimentée par des déclarations de part et d’autre, Patrice Talon et Abdourahamane Tiani semblent avoir retrouvé le chemin de la raison.

C’est en tout cas, ce qu’on peut retenir de l’analyse faite par Bénin Web TV qui a mis en avant les efforts consentis par les deux pays pour apaiser les tensions nées au lendemain du coup de force qui a renversé Mohamed Bazoum du pouvoir.

Passé le soleil de fiel entre Cotonou et Niamey, c’est désormais le retour de « je t’aime, moi non plus », loin des regards indiscrets.

 Grâce à la médiation des ex-présidents béninois, Nicéphore Soglo et Boni Yayi, menée du 24 au 27 juin dernier, les relations entre les deux pays, qui s’étaient refroidies, semblent peu à peu retrouver leur chaleur d’antan.

Le pipeline Niger-Bénin, pour lequel certains envisageaient des contournements, est redevenu pleinement opérationnel.

Depuis la mi-août, des navires accostent régulièrement au Bénin pour le chargement du brut du Niger au grand bonheur de Patrice Talon et d’Abdourahamane Tiani qui peuvent se féliciter d’avoir réalisé un gros coup et retrouver le chemin de la raison.

Ce retour discret s’est opéré quelques mois après la fermeture, le 6 juin, des vannes du pipeline acheminant le pétrole d’Agadem (nord-est du Niger) vers Sèmè-Kraké (sud du Bénin) par le régime militaire de Niamey.

Aujourd’hui, l’embarquement sur les eaux béninoises des barils du brut nigérien s’effectuent désormais loin des tintamarres d’autrefois. Des signes qui annoncent une relation entre les deux États évoluant de façon positive.

Au-delà des considérations interpersonnelles et des enjeux géopolitiques, la réalité s’impose. Ces deux pays partagent des intérêts socio-économiques cruciaux.

Le retour progressif à la normale semblait prévisible dès les premiers jours de la médiation conduite par les anciens présidents béninois.

Le Niger a « accepté le principe de la mise en place d’une commission tripartite en vue d’un retour à la normale, garantissant notre sécurité commune et débouchant sur la reprise effective de nos échanges socio-économiques dans un climat politique apaisé », avaient annoncé les autorités nigériennes.

Depuis lors, la délégation nigérienne a entamé une visite au Bénin, confirmant cette orientation. L’ambassadeur du Bénin au Niger, autrefois retenu à Cotonou, a été reçu pour présenter les copies figurées de sa lettre de créance. Aujourd’hui, c’est au tour du Niger de préparer la nomination d’un nouvel ambassadeur au Bénin. Tous les signaux semblent indiquer un retour à la coopération.

Un terrain d’entente trouvé ?

Tout porte à le croire, car aujourd’hui, les points de discorde soulevés par le président béninois Patrice Talon concernant les formalités douanières du brut nigérien ne font plus surface publiquement. On peut y voir une tentative discrète de faire fléchir les autorités nigériennes à l’époque, pour inciter au dialogue.

Du côté nigérien, le régime militaire, confronté aux réalités de l’État, a pu mesurer les choix les moins préjudiciables, malgré sa posture initiale. « Les États n’ont pas d’amis, seulement des intérêts », comme le dit l’adage.

Qu’en est-il de l’ouverture des frontières ?

Malgré les avancées entre le Bénin et le Niger, une question reste en suspens : l’ouverture de la frontière terrestre du Niger. Si le pétrole continue de transiter par le pipeline malgré la fermeture, le transport de l’uranium d’Arlit vers le port de Cotonou nécessite une ouverture de la frontière terrestre.

Depuis l’installation des autorités militaires au Niger, ce secteur est en difficulté, aggravée par la résiliation de plusieurs contrats miniers. Une entreprise minière se trouve actuellement contrainte de licencier près de 780 employés et sous-traitants, à 99 % nigériens, faute de pouvoir exporter son uranium via la frontière béninoise. Elle prévoit de suspendre sa production de concentré d’uranium à partir du 31 octobre, avec un stock d’environ 1 050 tonnes pour les années 2023 et 2024.

D’autres propositions, comme l’exportation aérienne via la Namibie, sont restées sans suite. Cependant, l’entreprise prévoit de rémunérer ses employés jusqu’au 31 décembre 2024. L’impact social de cette situation pourrait amener les autorités nigériennes à lever le blocus à la frontière avec le Bénin.