Dans la crise qui oppose le Bénin de Patrice Talon au Niger de Tiani, les populations peuvent souffler un ouf de soulagement.
Même si les frontières demeurent toujours fermées, les autorités béninoises ont autorisé de nouveau la traversée du fleuve Niger, interdite pendant 6 mois. Une petite bouffée d’air, qui reste toutefois insuffisante aux yeux des commerçants de Malanville.
« Ce matin, nous avons pris le bus jusqu’à Gaya et nous avons pu faire passer à travers le fleuve. Nous avons pu prendre des pirogues qui nous ont déposés à Malanville », raconte cet étudiant qui devra encore faire preuve de patience pour arriver à destination.
Assis sur un banc du terminal d’une compagnie de bus, il attend de poursuivre son trajet vers Lomé.
Parti de Niamey, il n’a pas pu emprunter le pont qui relie la ville béninoise au Niger. La seule solution pour lui est de traverser le fleuve.
Un voyage « très compliqué », témoigne-t-il. « C’est très pénible, j’ai un peu cette phobie de pirogue tout juste au niveau du fleuve.
Il y a souvent des bousculades qui tendent à renverser la pirogue mais bon, que peut-on y faire ? On ne peut que se contenter de cela pour le moment », se résigne-t-il.
Après six mois d’interdiction, la traversée du fleuve est de nouveau autorisée pour les personnes, comme pour les marchandises. Ainsi, le marché international, poumon économique de la zone, est bien achalandé.
Devant sa boutique, ce revendeur de tissus reconnaît que l’autorisation de la voie fluviale a un peu amélioré les choses mais que cela reste bien insuffisant car les Nigériens représentaient une part essentielle de la clientèle.
« Même si la voie fluviale est autorisée, certaines personnes ont tellement peur. Ils n’arrivent même plus à voyager. Ils sont pressés de quitter Malanville », dit-il.
Dans la ville frontalière, on espère toujours la réouverture de la frontière entre le Bénin et le Niger. Mais les tensions restent vives entre les deux pays depuis le coup d’État du 26 juillet 2023 à Niamey, et ce malgré le processus de normalisation en cours.
Le Bénin a rappelé cette semaine son ambassadeur au Niger pour consultation après des propos tenus par Gildas Agonkan début février.
Désespérées, les populations du Niger et du Bénin espèrent malgré tout que Patrice Talon et Tiani fassent des concessions afin que les activités reprennent de plus belles des deux côtés.