Les Etats Unis, la France et l’Ammnesty International ont vivement réagi suite à l’interdiction de la marche prévue par la société civile à Dakar au Sénégal.
En effet face à la colère qui monte au Sénégal contre la décision de reporter la présidentielle du 25 février, les autorités ont interdit une grande marche prévue ce mardi 13 février 2024 par la société civile à Dakar, qui a décidé de tenter de l’organiser samedi.
Le gouvernement a suspendu l’internet sur les mobiles « en raison de la diffusion sur les réseaux sociaux de plusieurs messages haineux subversifs », pour la deuxième fois en huit jours. Les restrictions d’accès à internet sont désormais courantes dans un certain nombre de pays pour endiguer la contestation.
Le nouveau collectif Aar Sunu Election (« Protégeons notre élection »), qui revendique plusieurs dizaines d’organisations syndicales et de groupes citoyens et religieux, appelait les Sénégalais à se rassembler massivement pour une marche silencieuse dans l’après-midi près du centre de Dakar.
La préfecture a interdit la manifestation parce qu’elle « risque de perturber gravement » la circulation, dit une lettre reçue par des représentants du collectif qui ont ensuite annoncé qu’elle était reportée à samedi.
« La marche a été interdite. C’est un problème d’itinéraire. Donc nous allons changer cela », a dit Malick Diop, un coordinateur du collectif.
En milieu d’après-midi, dans le quartier où était prévue la manifestation, un journaliste de l’AFP a constaté une forte présence policière, mais pas de manifestants.
Les manifestations non-autorisées ont communément dégénéré en heurts, comme cela a été le cas vendredi, quand de nombreux Sénégalais avaient voulu répondre à un appel aux auteurs non identifiés diffusé sur les réseaux sociaux. Les policiers et les gendarmes les en avaient empêchés par la force. Trois personnes ont été tuées.
La France a appelé les autorités sénégalaises « à faire un usage proportionné de la force », et a réitéré « son appel aux autorités à organiser l’élection présidentielle le plus rapidement possible (…) et à garantir les libertés publiques ».
Les Etats-Unis ont exhorté le Sénégal à « respecter pleinement » le droit de manifester et de s’exprimer, dans un message de leur ambassade.
Amnesty International a pour sa part exigé des autorités une enquête « rapide, minutieuse, indépendante, impartiale, transparente et efficace sur le recours à l’usage mortel de la force contre les manifestants ».
Le Sénégal est en proie à l’une de ses plus graves crises politiques des dernières décennies depuis que le président Macky Sall a annoncé le report de la présidentielle le 3 février, à trois semaines de l’échéance.
L’Assemblée nationale a ensuite entériné le renvoi de l’élection au 15 décembre et le maintien du président Sall à son poste jusqu’à la prise de fonction de son successeur, a priori donc début 2025.
Ce changement in extremis dans un pays vanté pour sa stabilité et ses pratiques démocratiques, a provoqué des cris de « coup d’Etat constitutionnel ».
L’opposition soupçonne le camp présidentiel de s’arranger avec le calendrier parce qu’il est sûr de la défaite de son candidat, le Premier ministre Amadou Ba, désigné par M. Sall pour lui succéder.
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