CPI : départ des pays de l’AES, une institution affaiblie sur la scène mondiale

CPI : départ des pays de l’AES, Une institution affaiblie sur la scène mondiale

Crédits photo : Human Rights Wtach

Le retrait coordonné de trois pays du Sahel à savoir le Mali, le Burkina Faso et le Niger de la Cour Pénale Internationale (CPI),  illustre une défiance croissante vis-à-vis de la juridiction internationale.

Les autorités de Bamako, Ouagadougou et Niamey accusent la Cour de se transformer en outil politique, soulignant son incapacité à agir contre les grandes puissances.

Ce choix collectif marque un tournant régional, puisqu’il s’inscrit dans la dynamique de l’Alliance des États du Sahel, déjà engagée dans une logique de rupture avec plusieurs organisations internationales.

Pour de nombreux observateurs, cette décision pourrait créer un précédent et encourager d’autres États à remettre en cause leur appartenance au Statut de Rome.

L’Afrique reste un terrain sensible pour la CPI, où plusieurs procédures ont suscité des controverses. Le cas de Laurent Gbagbo, ancien président ivoirien finalement acquitté après de longues années de détention, a profondément divisé.

Pour ses partisans, il symbolisait une justice instrumentalisée, alors que pour ses opposants il incarnait la nécessité d’une reddition de comptes.

Ces fractures ont contribué à nourrir un scepticisme durable sur l’impartialité de la Cour. La perception d’une institution plus prompte à poursuivre des responsables africains qu’à enquêter sur d’autres crises nourrit un discours politique efficace, notamment dans les pays qui cherchent à s’affranchir de certains cadres internationaux.

La CPI est née en 2002, après l’adoption du Statut de Rome en 1998, avec l’ambition d’instaurer une juridiction permanente capable de juger les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le génocide.

Elle devait combler un vide entre les juridictions nationales parfois incapables ou réticentes et les tribunaux ad hoc comme ceux créés pour le Rwanda ou l’ex-Yougoslavie.

 L’objectif affiché était de lutter contre l’impunité et de garantir un mécanisme universel de justice internationale. Mais cette universalité a rapidement été limitée : plusieurs grandes puissances, dont les États-Unis, la Russie, la Chine ou encore l’Inde, n’ont jamais ratifié le traité.

Ces départs successifs, conjugués aux tensions avec certains gouvernements, confirment que la CPI se trouve dans une phase de fragilisation.

Les prochaines années détermineront si elle parvient à restaurer son autorité ou si elle restera cantonnée à un rôle limité, dépendant de la volonté des États de coopérer.

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