Les chefs des missions d’observation électorale de la CEDEAO et de l’UA ont réagi ce mercredi 26 novembre 2025 après le coup d’État militaire en Guinée-Bissau. Trois jours après le scrutin du 23 novembre, les militaires ont annoncé un coup d’État alors que le pays attendait la proclamation des résultats.
Dans une déclaration conjointe, Filipe Jacinto Nyusi, Issifu Baba Braïmah Kamara et Goodluck Jonathan condamnent fermement cette interruption du processus démocratique. Les trois responsables représentent respectivement l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et le Forum ouest-africain des Sages.
Le document révèle un timing particulièrement problématique. Les observateurs s’apprêtaient à rencontrer les deux principaux candidats à la présidentielle. Ces derniers leur avaient donné leur parole : ils respecteraient le choix des urnes. La junte a brisé cet engagement quelques heures avant ces entrevues décisives.
Les missions électorales avaient pourtant noté des signaux encourageants. Le personnel des bureaux de vote, les forces de sécurité et les représentants des partis politiques ont fait preuve de professionnalisme durant le scrutin. Bref, l’organisation technique fonctionnait.
Mais l’armée en a décidé autrement. Les trois signataires expriment leur profonde préoccupation face à cette annonce. Ils demandent à l’UA et à la CEDEAO de prendre les mesures nécessaires pour rétablir l’ordre constitutionnel. Concrètement, cela passe par la libération immédiate des responsables détenus, notamment ceux en charge du processus électoral.
Le communiqué appelle le peuple bissau-guinéen au calme. Les organisations régionales réaffirment leur volonté d’accompagner le pays sur la voie démocratique. Elles insistent sur la préservation de la paix et du bien-être des citoyens pendant cette période sensible.
Pour rappel, la Guinée-Bissau traverse depuis son indépendance en 1974 une instabilité chronique. Le pays a connu quatre coups d’État réussis et plusieurs tentatives avortées. Le président Umaro Sissoco Embaló, arrêté mercredi, avait lui-même échappé à deux tentatives de renversement en 2022 et 2023.
Coup d’État en Guinée-Bissau ; malgré la sortie de l’UA et la CEDEAO, une rapide évolution
Le brigadier général Denis N’Canha, nouvel homme fort du pays, a lu un communiqué annonçant la création d’un Haut commandement militaire pour la restauration de la sécurité nationale et de l’ordre public selon Jeune Afrique. Les putschistes ont instauré un couvre-feu et fermé les frontières terrestres et aériennes.
Selon Jeune Afrique, les observateurs ont qualifié le scrutin d’ordonné et pacifique, saluant le civisme exemplaire du peuple bissau-guinéen Cette reconnaissance du bon déroulement du vote rend d’autant plus incompréhensible l’intervention militaire. L’opposition a également été visée : Domingos Simoes Pereira, dirigeant du parti historique PAIGC exclu de la course présidentielle, figure parmi les personnes interpellées.
La communauté internationale attend désormais des actes concrets. Les organisations régionales doivent transformer leurs déclarations en actions diplomatiques pour ramener la stabilité. Le peuple bissau-guinéen mérite mieux que cette nouvelle séquence d’instabilité.