En Côte d’Ivoire, les relations entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara continuent de cristalliser les tensions. Un récent appel du chef de l’État à son prédécesseur a ravivé les interrogations sur la possibilité d’un dialogue politique.
Entre protocole et rupture, Laurent Gbagbo refuse une nouvelle invitation d’Alassane Ouattara
Le geste aurait pu paraître symbolique, presque prometteur. Alassane Ouattara a récemment composé le numéro de Laurent Gbagbo. Selon le magazine Jeune Afrique, le président ivoirien a appelé son prédécesseur dans l’optique d’un échange autour de la situation sociopolitique du pays. L’information a rapidement circulé, suscitant l’espoir d’un apaisement entre les deux figures historiques du pays.
Mais cet appel n’a pas eu la portée politique que certains ont voulu lui prêter. Au sein du PPA-CI, des voix se sont élevées pour tempérer l’enthousiasme. Des sources proches du parti ont confirmé l’échange, tout en soulignant qu’il ne s’agissait pas d’un véritable geste de réconciliation.
Steve Beko, cadre du PPA-CI, a apporté une précision sans détour :
« Il ne s’agit donc pas là d’un dialogue renoué, mais simplement d’une invitation protocolaire suivie d’un refus poli, au nom de préalables non remplis, avant de consentir à offrir une telle image au monde ».
Cette mise au point a levé toute ambiguïté. L’appel, loin d’être le signe d’un réchauffement politique, s’inscrivait plutôt dans une tradition républicaine, à la veille des célébrations de l’indépendance. Mais, une fois encore, Laurent Gbagbo a décliné l’invitation à prendre part aux festivités prévues pour le 7 août 2025.
Depuis son retour en Côte d’Ivoire, après de longues années de procédure devant la Cour pénale internationale, l’ancien président a toujours marqué ses distances avec cette commémoration nationale. Pour lui, y assister reviendrait à donner une image d’unité qu’il juge factice, dans un contexte où ses droits politiques fondamentaux sont, selon lui, bafoués.
Son refus n’est donc pas anodin. Il traduit un malaise plus profond, un froid persistant entre deux hommes qui, plus d’une décennie après la crise post-électorale, n’ont jamais véritablement renoué le fil du dialogue.
Dans les rangs du PPA-CI, l’amertume est palpable. Laurent Gbagbo, bien qu’investi candidat pour la présidentielle à venir, reste radié de la liste électorale. Pour ses partisans, cette exclusion est orchestrée par Alassane Ouattara, perçu comme le principal obstacle à un processus électoral équitable.
Face à cette situation, le parti insiste sur la nécessité d’un véritable échange politique. Il ne s’agit plus simplement de gestes symboliques ou d’appels protocolaires. Le PPA-CI, tout comme son allié du PDCI, appelle à un dialogue franc, ouvert, entre le chef de l’État, son gouvernement et l’opposition.
L’objectif est d’aller vers une élection transparente, inclusive et apaisée. Mais pour l’heure, les lignes n’ont pas bougé, et les appels au dialogue restent sans réponse concrète.
La fracture politique entre Alassane Ouattara, actuel président de la Côte d’Ivoire, et son prédécesseur, Laurent Gbagbo semble loin d’être résorbée. Le refus de Gbagbo de répondre à l’invitation de Ouattara ne fait que raviver les tensions, dans un contexte préélectoral où le dialogue reste, plus que jamais, une nécessité.