Roger Ouegnin, le président de l’ASEC Mimosas, révèle enfin les dessous de sa rencontre avec Didier Drogba avant l’élection de la FIF.
« Quand Drogba est arrivé pour lancer sa campagne et annoncer qu’il était candidat à la présidence de la FIF, il a eu l’amabilité de venir me voir en premier. Il me connaît, et feu Pape Diouf lui avait même parlé de moi.
Il est donc venu me voir pour solliciter mon soutien. Je l’ai écouté à Sol Béni. La première chose que j’ai faite, c’est de lui décrire un peu mon parcours, tout en lui disant que, pour réaliser tout ce qu’il voyait, j’avais longuement réfléchi et observé tout le monde.
J’ai passé mon temps à observer les mécanismes, à comprendre comment les choses fonctionnaient, pourquoi il y avait tant de palabres… Petit à petit, je prenais des notes. Ainsi, le jour où les présidents d’honneur m’ont confié l’Asec, j’étais prêt, et c’est pour cela que j’y suis resté longtemps.
Je n’avais jamais rencontré Drogba directement avant cet échange. Je n’étais pas proche de l’équipe nationale, j’étais là où il fallait bosser. C’est pour cela que vous ne m’avez jamais entendu briguer la présidence de la FIF.
Par contre, ce que je lui ai dit, et que je n’apprécie pas, c’est que certains pensent qu’il est inexpérimenté. Pourtant, pour atteindre le niveau qu’il a dans la hiérarchie des footballeurs mondiaux, il faut être fort, car le football est un monde sans pitié.
Aujourd’hui, il change de ring : ce n’est plus sur le terrain, mais dans l’environnement du football. Et moi, je cherche un président de la FIF qui saura me débarrasser de ceux qui étaient là avant, donc j’observe.
Puis est apparu mon ancien vice-président, Idriss Diallo. Lui, je le connais par cœur et il m’a parlé de son projet de briguer la présidence de la FIF.
Il y a eu un tournant… Didier et moi, nous sommes vus plusieurs fois et je lui ai dit qu’il était mal entouré, par des présidents de clubs et d’autres personnes. Je lui ai demandé de venir avec nous, mais il a choisi d’aller seul, tant pis.
Même pour ceux que j’ai soutenus, quand ils sont venus me voir, j’ai dû faire le choix de la moins mauvaise solution, car l’ancien comité devait être remplacé.
Drogba, soutenu aussi par les jeunes, m’a montré que son équipe n’était pas à la hauteur, donc je n’allais pas voter pour lui.
J’ai choisi quelqu’un que je connais et qui sait qu’il y a des choses que je n’apprécie pas.
On n’utilise pas le football et la souffrance des dirigeants pour se faire un nom.
Si demain la nouvelle équipe dirigeante de la FIF faillit à sa mission, elle m’aura contre elle dans l’intérêt de mon peuple footballistique », a confié Roger Ouegnin.