Alors que la rentrée scolaire est toute proche en Côte d’Ivoire, le gouvernement a décidé d’alléger le fardeau des parents. L’introduction de la Bourse nationale du manuel scolaire (BONAMAS) en Côte d’Ivoire en est l’illustration.
De plus, elle marque un tournant décisif dans la politique éducative du pays. Cette initiative, lancée à l’aube de la rentrée scolaire 2024-2025, mérite une analyse approfondie de ses implications à court et long terme pour la Côte d’Ivoire.
Au premier abord, le système de prêt-location de manuels scolaires pour 10 000 FCFA apparaît comme une solution pragmatique à un problème récurrent : l’accès aux ressources pédagogiques.
En réduisant radicalement le coût d’acquisition des manuels, le gouvernement s’attaque directement à l’une des principales barrières à l’éducation. Ce faisant, le gouvernement diminue aussi les dépenses que font les parents à chaque rentrée des classes.
Cependant, cette approche soulève des questions sur la durabilité financière du modèle. Le faible coût pour les familles implique nécessairement un investissement public conséquent, dont la pérennité reste à démontrer.
L’implication de l’Agence française de développement (AFD), avec un financement de 3 milliards de FCFA, révèle la dimension internationale du projet.
Cette collaboration franco-ivoirienne s’inscrit dans une tendance plus large de partenariats éducatifs Nord-Sud, soulevant des interrogations sur l’autonomie à long terme du système éducatif ivoirien.
Sur le plan pédagogique, BONAMAS réaffirme le rôle central du manuel scolaire dans l’apprentissage. Cette approche, bien que classique, va à contre-courant de certaines tendances éducatives modernes privilégiant les supports numériques. Il sera intéressant d’observer comment ce choix influencera les méthodes d’enseignement et les résultats scolaires dans les années à venir.
La gestion logistique du programme constitue un défi majeur. La distribution, la collecte et la maintenance d’un million de manuels nécessitent une organisation rigoureuse.
Le succès à long terme de BONAMAS dépendra largement de la capacité du gouvernement à mettre en place un système efficace et à responsabiliser les élèves dans la préservation des ouvrages.
Enfin, l’extension progressive du programme aux autres niveaux du collège soulève des questions d’équité. Comment gérer la transition et éviter de créer des disparités entre les élèves bénéficiant du programme et les autres ?
En conclusion, BONAMAS représente une innovation sociale et éducative prometteuse pour la Côte d’Ivoire. Son succès pourrait en faire un modèle pour d’autres pays africains.
Cependant, sa réussite à long terme dépendra de la capacité du gouvernement à relever les défis logistiques, financiers et pédagogiques inhérents à un projet de cette envergure.