Côte d’Ivoire : le pays menace les États-Unis

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Crédits photo : Collage L-Frii Media (Pixabay : GDJ / ELG21)

Face à l’offensive douanière des États-Unis, la Côte d’Ivoire sort les griffes.

En effet, la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, envisage une riposte économique si les droits de douane annoncés par les États-Unis et plus précisément par l’administration Trump venaient à être appliqués.

C’est une menace qui pourrait secouer le marché mondial du chocolat et exacerber les tensions commerciales entre Washington et l’Afrique de l’Ouest.

Le bras de fer a débuté en début d’avril 2025, lorsque Washington a annoncé une taxation de 21% sur les produits ivoiriens, taux le plus élevé imposé à un pays d’Afrique de l’Ouest.

C’est une décision que Donald Trump a temporairement suspendue mercredi pour une période de 90 jours, ouvrant ainsi une fenêtre de négociation.

« Lorsque vous taxez notre produit que nous exportons vers votre pays, nous augmentons le prix du cacao et cela se répercute sur le prix au consommateur », a déclaré sans ambages Kobenan Kouassi Adjoumani, ministre ivoirien de l’Agriculture, lors d’une conférence de presse à Abidjan. C’est un avertissement à peine voilé aux consommateurs américains, grands amateurs de chocolat.

Si la Côte d’Ivoire ne peut directement fixer les cours mondiaux du cacao, elle dispose néanmoins de leviers significatifs.

Le pays pourrait notamment augmenter ses taxes à l’exportation, renchérissant mécaniquement le prix de la fève brune sur les marchés internationaux.

« C’est le consommateur final qui sera lésé », a précisé le ministre, pointant les conséquences d’une telle escalade commerciale.

L’enjeu est de taille : selon le Coffee and Cocoa Council (CCC), entre 200 000 et 300 000 tonnes de cacao ivoirien traversent chaque année l’Atlantique à destination des États-Unis. Une manne dont Abidjan ne compte pas se priver sans compensation.

La stratégie ivoirienne s’articule également autour d’un renforcement des partenariats avec l’Union européenne.

« Si nos produits ne sont pas acceptés aux États-Unis, l’UE peut les récupérer en totalité », a affirmé M. Kouassi, esquissant une réorientation commerciale qui pourrait coûter cher aux chocolatiers américains.

Cette passe d’armes intervient dans un contexte déjà tendu pour le marché mondial du cacao, marqué par une flambée historique des prix due aux aléas climatiques et aux maladies affectant les plantations ouest-africaines.

Le spectre d’une guerre commerciale menace désormais d’aggraver la situation et pourrait transformer le plaisir chocolaté en produit de luxe pour les consommateurs américains.

Alors que le délai de suspension de 90 jours commence à courir, diplomates et négociateurs des deux pays sont désormais engagés dans une course contre la montre pour éviter que cette guerre du cacao ne laisse un goût amer dans la relation historique entre les États-Unis et la Côte d’Ivoire.

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