En Côte d’Ivoire, une sage-femme issue de l’Institut National de Formation des Agents de Santé (INFAS) a confié s’être séparée de son compagnon dès son admission au concours d’entrée, afin d’éviter toute mauvaise interprétation par la suite.
Cette prise de parole intervient dans un contexte douloureux. Le mardi 7 octobre 2025, une étudiante de l’INFAS d’Abengourou a été assassinée par son compagnon.
Ce drame survient à peine un mois après le meurtre d’une autre étudiante, Grâce Tra Lou, à Port-Bouët. En l’espace d’un mois, deux jeunes femmes de l’INFAS ont perdu la vie, poignardées par leurs compagnons.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont tenté d’expliquer ces drames par une supposée “ingratitude” de certaines étudiantes envers leurs partenaires, accusées d’abandonner ces derniers après leur réussite au concours.
Certains clichés reviennent souvent : « Il a payé ses frais d’inscription, et maintenant qu’elle a réussi, elle veut le quitter ».
Face à ces propos, Djeneba Mamourou Coulibaly formée à l’INFAS a réagi :
« J’ai quitté mon mec une fois admise au concours de l’INFAS
Je me souviens qu’avant d’intégrer l’INFAS, j’étais en couple avec quelqu’un.
Quand j’ai été admise au concours, j’ai décidé de mettre fin à cette relation.
Pas parce que j’avais réussi, mais simplement parce que je ne voulais plus continuer — pour des raisons personnelles que je n’énumérerai pas ici, mais qui n’avaient rien à voir avec mon admission.
J’ai pris cette décision quelques mois avant même de commencer les cours, parce que oui, j’ai ce droit-là : le droit de partir quand je le veux.
Aujourd’hui, avec du recul, je rends grâce à Dieu.
Parce que si cette personne avait été un assassin, j’aurais peut-être perdu la vie —
et les gens auraient dit : “C’est lui qui a financé son concours, elle a réussi et elle l’a quitté.”
Pourtant, il n’a jamais contribué à mes dépenses pour le concours, ni de près ni de loin.
Mais les rumeurs auraient suffi à salir, à accuser, à détruire.
Et ma famille, qui a tout assumé, aurait subi ces mensonges.
On ne connaît jamais vraiment l’histoire des autres.
Arrêtons de propager des rumeurs qui alimentent les stéréotypes et banalisent la violence.
Aujourd’hui, je veux dire STOP :
- Stop aux justifications,
- Stop aux meurtres,
- Stop à cette société qui cherche toujours à expliquer l’inexplicable.
On ne doit pas apprendre aux femmes comment ne pas mourir.
On doit apprendre aux hommes à ne pas tuer.
Un concours financé, un cadeau offert, un service rendu ne donnent jamais le droit d’ôter la vie.
Derrière chaque féminicide, il y a des mères et des pères meurtris,
des familles endeuillées, des enfants orphelins,
et une société qui se tait beaucoup trop.
Ces femmes étaient des sages-femmes, des infirmières, des techniciennes, des travailleuses, des mères…
Pas des objets de vengeance.
Stop aux justifications. Stop aux meurtres ».