Le chef de l’opposition sud-coréenne a appelé ce dimanche 15 décembre 2024 la Cour constitutionnelle à sceller rapidement le sort du président déchu Yoon Suk Yeol, afin que le pays puisse se remettre du « trouble national » et de la « situation absurde »créés par l’imposition surprise de la loi martiale le 3 décembre.
La Cour constitutionnelle a six mois pour valider ou non la destitution de M. Yoon, votée samedi par le Parlement. Dans l’affirmative, une élection présidentielle sera organisée dans les deux mois.
« La Cour constitutionnelle doit rapidement traiter la procédure de destitution du président », a déclaré dimanche Lee Jae-myung, le président du Parti démocrate, principale force d’opposition.
« C’est la seule façon de limiter le trouble national et d’alléger les souffrances de la population », a-t-il ajouté.
Le président de la Cour constitutionnelle, Moon Hyung-bae, a promis dès samedi soir « une procédure rapide et juste ». Il a convoqué les autres juges pour une première réunion sur cette affaire lundi matin.
Selon la plupart des experts, l’issue ne fait guère de doute tant les violations de la Constitution et de la loi reprochées à M. Yoon sont flagrantes.
« Situation absurde »
Il est évident que M. Yoon « a tenté de paralyser les fonctions de l’Etat », déclare à l’AFP Kim Hyun-jung, chercheuse à l’Institut de droit de l’Université de Corée. « Même les universitaires les plus conservateurs ont reconnu que cela avait provoqué une crise dans l’ordre constitutionnel ».
Le chef de l’opposition a également exigé une enquête approfondie sur les événements de la nuit du 3 au 4 octobre, quand M. Yoon avait annoncé à la surprise générale l’imposition de la loi martiale et envoyé l’armée au Parlement pour tenter de le museler, avant de faire marche arrière sous la pression des députés et des manifestants.
« Pour que les responsables de cette situation absurde aient à répondre de leurs actes et pour éviter qu’elle ne se reproduise, il est essentiel de découvrir la vérité et d’exiger des comptes », a affirmé Lee Jae-myung, qui avait perdu la présidentielle de justesse face à M. Yoon en 2022, et fait désormais figure de favori pour occuper prochainement son fauteuil.
Appel de Biden
Yoon Suk Yeol est visé par une enquête pénale pour « rébellion », un crime théoriquement passible de la peine de mort, et n’a pas le droit de quitter le pays. Son ex-ministre de la Défense et plusieurs hauts responsables ont été arrêtés.
L’intérim de la présidence est assuré par le Premier ministre Han Duck-soo, qui s’est entretenu samedi soir avec le président américain Joe Biden.
« Le président Biden a exprimé son appréciation pour la résilience de la démocratie et de l’Etat de droit en République de Corée », a indiqué la Maison-Blanche dans un communiqué.
« Les deux dirigeants ont évoqué les progrès considérables accomplis ces dernières années dans le renforcement de l’alliance entre les Etats-Unis et la République de Corée, et le président Biden s’est dit convaincu que l’alliance restera le pilier de la paix et de la prospérité dans la région indo-pacifique pendant le mandat du président par intérim Han », a-t-elle ajouté.
Le coup de force de M. Yoon avait pris par surprise les Etats-Unis, principal allié de la Corée du Sud. Le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, avait raconté que le gouvernement américain avait appris la nouvelle à la télévision. Selon lui, ces événements inattendus ont suscité « une profonde inquiétude » à Washington.
Durant ses deux ans et demi à la tête de la Corée du Sud, Yoon Suk Yeol s’est rendu aux Etats-Unis à cinq reprises et s’est attaché à renforcer l’alliance avec Washington, cruciale face à la menace militaire de la Corée du Nord. Environ 28.500 soldats américains sont stationnés en Corée du Sud.
© AVEC AFP