Coopération numérique : la Côte d’Ivoire se rapproche de l’Algérie

Côte d'Ivoire algérie

Crédits photo : 123ref

La Côte d’Ivoire cherche à tirer parti de l’expérience de l’Algérie en matière de technologies de l’information et de la communication.

Jeudi 13 novembre 2025, Sid Ali Zerrouki, ministre algérien de la Poste et des Télécommunications, a en ce sens reçu Alphonse Voho Sahi, ambassadeur de Côte d’Ivoire en Algérie. Cette rencontre est la marque d’une volonté de renforcer les liens entre les deux pays dans le secteur numérique.

Le ministère algérien a publié un communiqué succinct sur sa page Facebook. Aucun détail précis sur les projets envisagés. Les deux parties ont toutefois évoqué les opportunités d’investissement et de partenariat entre les entreprises algériennes et ivoiriennes. Les secteurs spécifiques de coopération n’ont pas été précisés. Bref, l’annonce reste floue.

Cette rencontre intervient dans un contexte où Abidjan mise sur le numérique pour accélérer son développement. La Banque mondiale estime que le secteur pourrait ajouter 6 à 7 points de croissance au PIB ivoirien. Sa contribution économique, évaluée à 5,5 milliards de dollars d’ici 2025, pourrait atteindre 20 milliards en 2050. Cette projection repose néanmoins sur le maintien et le renforcement des investissements et réformes engagés ces dernières années.

L’Algérie a nommé Sid Ali Zerrouki à la tête du ministère de la Poste et des Télécommunications en novembre 2024. Le jeune cadre de 47 ans possède plus de vingt-cinq ans d’expérience dans les TIC. Il a dirigé Algeria Venture de 2021 à 2024, un organisme public d’accompagnement des startups. Sous sa direction, près d’une centaine de jeunes entreprises innovantes ont été accompagnées. Une dizaine d’entre elles ont levé des millions de dollars à l’étranger. Le pays compte désormais 7 800 startups contre 200 en 2019, selon les chiffres officiels.

L’Algérie et la Côte d’Ivoire, un historique important

Notons que l’Algérie occupe la 116e place mondiale à l’Indice de développement de l’e-gouvernement des Nations unies 2024, avec un score de 0,5956 sur 1. Elle se situe au-dessus de la moyenne africaine mais en dessous de la moyenne mondiale. L’Union internationale des télécommunications la classe au troisième palier de son Indice global des TIC. Elle a obtenu un score de 86,1 sur 100 à l’Indice de développement des TIC 2025, contre 80,9 en 2024. Elle occupe la 6e place sur 47 pays africains selon l’Agence Ecofin.

La couverture réseau algérienne atteint des niveaux élevés. En 2023, les taux de couverture 2G, 3G et 4G atteignaient respectivement 98,5 %, 98,2 % et 90,4 %. Le taux de pénétration de la téléphonie mobile était de 93 %, contre 76,9 % pour Internet. Le pays a déployé plus de 265 000 kilomètres de fibre optique sur son territoire. Cette infrastructure dorsale vise à rendre Internet accessible dans toutes les régions, y compris les plus reculées.

Zerrouki a annoncé en octobre 2025 la mise en place du plus grand centre de recherche et développement technologique d’Afrique. Ce projet résulte d’une collaboration entre plusieurs ministères algériens et Algeria Venture. Le centre vise à créer une infrastructure dédiée à l’innovation et à promouvoir l’essor des startups. L’objectif affiché ? Faciliter des partenariats avec des acteurs mondiaux du secteur numérique pour contribuer à la transformation numérique du pays.

Et la Côte d’Ivoire se classe quant à elle à la 124e place de l’EGDI avec un score de 0,5587 sur 1. Elle figure également au palier 3 de l’Indice global de cybersécurité. L’UIT lui reconnaît des points forts en matière de législation et de mesures organisationnelles. Des efforts restent nécessaires dans les domaines techniques, le développement des capacités et la coopération. Enfin, la sécurisation des infrastructures demeure un défi. Le pays a obtenu un score de 69,5 sur 100 à l’Indice de développement des TIC 2025, en hausse par rapport aux 65,3 obtenus en 2024. En 2023, la 2G couvrait 98,9 % de la population, contre 98,3 % pour la 3G et 93,7 % pour la 4G. Le taux de pénétration de la téléphonie mobile atteint 66,5 %, contre 40,7 % pour Internet. Ces chiffres placent la Côte d’Ivoire dans la moyenne des pays de la sous-région ouest-africaine.

Le ministre ivoirien de la Transition numérique et de la Digitalisation, Kalil Konaté, a obtenu en novembre 2024 l’approbation d’un budget de 60,78 milliards FCFA pour l’année 2025. Ce montant, environ 96,8 millions de dollars, doit permettre d’améliorer la connectivité, d’offrir un accès équitable aux technologies et de promouvoir les compétences numériques. La formation de 265 spécialistes dans le domaine des TIC figure parmi les priorités pour 2025.

Abidjan a accueilli en août 2025 la troisième réunion préparatoire africaine pour la CMDT-25, la Conférence mondiale de développement des télécoms qui s’est tenue à Bakou en novembre. Plus de 42 pays africains y ont participé. Olivier Avoa, directeur de la Transition numérique, a souligné lors de cette rencontre que « près de 500 millions d’Africains utilisent l’Internet mobile, mais plus de 800 millions de nos citoyens restent encore en marge de cette révolution numérique », selon les propos rapportés par l’Agence de Presse Africaine.

La coopération entre la Côte d’Ivoire et l’Algérie pourrait porter sur plusieurs axes. L’interconnexion par fibre optique, les échanges sur les services postaux, la coordination de la gestion des fréquences et la téléphonie mobile figurent parmi les domaines habituels de collaboration. L’Algérie a signé des accords similaires avec le Niger en 2024. Ces discussions avaient notamment porté sur la promotion des startups et l’échange d’expertises techniques.

Les deux pays ont également développé des relations dans le secteur de l’énergie. En août 2024, l’Algérie et la Côte d’Ivoire étaient convenues d’élaborer un projet d’accord de coopération dans ce domaine. Le ministre ivoirien des Mines, du Pétrole et de l’Énergie avait mis en avant l’expérience que pouvait apporter l’Algérie, à travers Sonatrach, dans les domaines de la recherche et de l’exploration des hydrocarbures. Cette dynamique pourrait se prolonger dans le secteur des TIC.

Le rapprochement numérique entre Abidjan et Alger s’inscrit donc dans un mouvement plus large de coopération Sud-Sud. Les pays africains multiplient les partenariats bilatéraux pour accélérer leur transformation digitale. La Côte d’Ivoire cherche à diversifier ses partenaires techniques au-delà des acteurs traditionnels occidentaux et asiatiques. L’Algérie, de son côté, veut se positionner comme un hub technologique régional et partager son expertise avec les autres nations du continent.

Reste à voir si cette rencontre débouchera sur des projets concrets. Les discussions bilatérales produisent souvent des communiqués d’intention sans suite opérationnelle.

Continuez la discussion en temps réél !
Rejoignez notre chaîne WhatsApp