Après une dépêche prêtant au président des Comores une volonté de voir son fils lui succéder, le correspondant local de l’agence de presse Reuters Abdou Moustoifa est poursuivi.
Le procureur de la République de Moroni, Abdou Ismaïl, a déclaré à la presse que le parquet s’était auto-saisie.
Il affirme que l’article du journaliste de 31 ans, qui a passé une nuit en détention, aurait porté, selon lui, « atteinte au moral des Comoriens ».
Il doit être entendu lors d’une audience au tribunal correctionnel.
Et ce, pour « publication, diffusion et divulgation de nouvelles fausses », a précisé le magistrat.
Le délit est passible d’un à trois ans d’emprisonnement, d’après l’article 231 du code pénal comorien.
Abdou Moustoifa s’est dit « soulagé » après avoir été relâché : passer « 24 heures de garde à vue, c’est éprouvant », a-t-il confié.
« Les journalistes doivent être libres de rendre compte de l’actualité sans craindre d’être harcelés ou lésés, où qu’ils se trouvent, y compris aux Comores », a réagi auprès de l’AFP un porte-parole de Reuters.
Une dépêche de l’agence de presse, datée du vendredi 24 janvier 2025 et modifiée depuis, rapportait que le président Azali Assoumani, au pouvoir depuis 2016, avait déclaré :
« Je placerai mon fils pour me remplacer à la tête de l’Etat. »
Le chef de l’Etat s’était exprimé en comorien et avait utilisé les mots « mwana », signifiant « enfant ».
« En aucun moment, le président n’a parlé d’une éventuelle succession de son fils à la tête de l’État.
Il a plutôt parlé « d’un enfant » qui viendrait lui succéder.
Il est coutumier aux Comores de qualifier tout citoyen « d’un enfant ».
Et ce, sans nécessairement parler de sa propre progéniture », avait démenti la présidence dans un communiqué diffusé le jour même.
L’article a ensuite été rectifié par Reuters.
© AFP