Face à la montée des eaux et la pression démographique, Lagos, la capitale économique du Nigéria, lutte pour ne pas sombrer.
La mégapole, bâtie en grande partie sur des terrains gagnés sur la lagune pour accueillir une population en croissance rapide, se retrouve aujourd’hui particulièrement vulnérable.
L’érosion côtière s’aggrave chaque année, renforcée par l’expansion urbaine et les effets du réchauffement climatique.
Le 6 novembre 2025, au 11e Sommet international sur le changement climatique de Lagos, le gouverneur Babajide Sanwo-Olu a rappelé que « pour les habitants de Lagos, le changement climatique n’est pas un concept théorique mais une réalité quotidienne qui touche les foyers, l’économie et le mode de vie ».
Avec plus de vingt-deux millions d’habitants et cent quatre-vingt-sept kilomètres de côtes, la ville se trouve en première ligne face à la montée des eaux.
Le sommet a réuni experts, autorités et acteurs du développement autour de solutions concrètes pour renforcer la résilience de la ville et préserver son avenir.
Lagos perd gros à cause de l’érosion côtière
Lagos perd déjà économiquement à cause de l’érosion côtière. Selon un rapport de la Banque mondiale publié en mars 2019, l’océan Atlantique avance chaque année de un à quatre mètres sur les côtes de l’Afrique de l’Ouest, détruisant infrastructures, habitations et terres agricoles.
Les conséquences financières sont majeures. La seule Côte d’Ivoire a perdu près de deux milliards de dollars en 2017 en raison de la dégradation de son littoral, soit 4,9 pour cent de son PIB.
Pour le Nigéria, géant économique de la région, les pertes potentielles seraient encore plus élevées.
La Grande Muraille de Lagos, une solution pour y faire face
Pour faire face à cette menace, Lagos a entrepris plusieurs projets d’envergure. Le gouverneur rappelle ainsi : « Nous prenons des mesures concrètes en renforçant nos défenses côtières grâce à la Grande Muraille de Lagos, en améliorant le transport d’eau potable grâce à l’initiative Omi Èkó et en lançant Lagos Carbon, le premier marché environnemental national d’Afrique ».
Son objectif est protéger les vies, créer des opportunités économiques et bâtir un Lagos durable et résilient pour les générations futures.
La Grande Muraille de Lagos constitue l’un des projets les plus emblématiques de cette stratégie.
Dès 2007, des investisseurs privés soutenus politiquement ont entrepris de construire ce mur destiné à protéger Victoria Island, quartier huppé et cœur financier du pays.
Les développeurs expliquent qu’en 2005, la côte autour de Victoria Island faisait face à un « danger imminent » : la route côtière avait disparu sous la pression de l’eau, les inondations se multipliaient et plusieurs immeubles avaient été abandonnés.
Aujourd’hui, selon eux, la muraille a permis de rendre les routes praticables et de réhabiliter des zones autrefois délaissées.
Entre le mur et la côte, les développeurs ont ensuite réensablé l’océan sur plus de 6,5 kilomètres carrés, utilisant plus de cent millions de tonnes de sable pour créer Eko Atlantic, une ville nouvelle censée symboliser l’ambition économique du Nigéria.
Lagos Carbon, une autre solution
En plus de sa muraille, Lagos mise sur Lagos Carbon, un mécanisme innovant pour financer sa transition climatique.
Premier marché environnemental intérieur du continent africain, Lagos Carbon vise à attirer des investissements destinés à réduire les émissions de carbone et à soutenir des projets écologiques dans l’État.
Le système repose sur la technologie blockchain, qui garantit transparence et traçabilité.
Grâce à cela, des pays et des entreprises du monde entier pourront financer des réductions d’émissions réalisées à Lagos.
Ces financements soutiendront la création d’emplois verts, le transfert de technologies propres et des projets environnementaux durables.
Pour le gouverneur Sanwo-Olu, investir dans Lagos n’est pas un geste philanthropique mais « une économie intelligente », car ces investissements renforcent la stabilité de la ville et protègent l’avenir côtier du Nigéria.