Collision entre deux trains en Argentine : le bilan des blessés s’alourdit

deux trains

Crédit photo : DR

Près de 60 personnes ont été blessées, dont deux grièvement, dans la collision ce vendredi 10 mai, d’un train de banlieue à Buenos Aires avec une rame d’entretien, ouvrant un début de polémique sur un « définancement » dans les chemins de fer publics.

Les deux blessés graves, victimes de traumatisme crânien, ont été évacués par hélicoptère, a précisé à la presse sur les lieux de l’accident le responsable des services d’urgence (SAME), Alberto Crescenti. L’un, avec complications, a subi une intervention neurochirugicale réussie.

Selon la compagnie publique Trenes Argentinos (TA), un train de passagers de sept wagons est entré en collision avec la rame d’entretien comprenant une locomotive et un wagon de matériel, sur un viaduc ferroviaire du quartier de Palermo, peu après 10H30 locales (13H30 GMT). Sous l’impact, « la locomotive et le premier wagon de passagers ont déraillé », a indiqué un communiqué de TA.

Le SAME a évoqué intialement 90 passagers pris en charge sur place, et 30 d’entre eux transférés, avec des blessures de gravité diverse, dans divers hôpitaux de la ville, aussitôt placés en alerte.

Mais en fin de journée, un bilan actualisé du ministère de la Santé de Buenos Aires a fait état de 57 personnes au total passées par un hôpital, certaines de leur initative, après avoir quitté seules le lieu de l’accident.

« La majorité sont sorties », a précisé M. Crescenti en fin de journée.

Après le choc, secours et pompiers ont procédé à l’évacuation de tous les passagers en une quarantaine de minutes, a souligné sur le site de l’accident le maire de Buenos Aires, Jorge Macri.

« A notre arrivée sur place, les gens étaient choqués, mais il n’y avait pas de cris, rien », a déclaré à l’AFP sur place Facundo Gomez, major de la police de Buenos Aires.

Des images aériennes montrent un wagon en partie éventré à son extrémité, incliné contre la rambarde métallique du viaduc passant au-dessus d’une avenue. Sans qu’il soit clair s’il s’agissait d’un wagon de passagers ou du wagon technique.

Le choc « était très fort. J’ai entendu le fracas des deux voitures entrant en collision », a indiqué sur la chaîne TN une passagère du dernier wagon. « Une personne a été projetée contre la portière, de nombreuses personnes projetées au sol ».

« Nous sommes vivants par miracle ! » s’est écrié un passager qui aussitôt après le choc s’est penché par la fenêtre pour filmer les trains, images relayées par plusieurs télévisions.

– L’hypothèse vols de câbles –

« Pour l’heure, il n’y a pas suffisamment d’information sur les causes » de l’accident, a souligné M. Macri. Le ministre des Transports Franco Mogetta a évoqué pour sa part de « multiples hypothèses ».

Des techniciens et experts de police scientifique étaient encore sur les voies plusieurs heures après l’accident.

L’enquête étudie notamment s’il y a « une question de signalisation », tant du côté de la rame technique qui travaillait sur la voie, que du train de passagers, a dit M. Mogetta. Il a aussi évoqué des plaintes « de vols de câbles » que l’enquête devra vérifier.

Les vols de câbles de cuivre ou d’autres métaux ont connu ces derniers mois une forte augmentation en Argentine, sur fond de détérioration économique, avec une inflation à 288% en interannuel, et 42% de pauvreté.

Le dirigeant du syndicat des conducteurs de trains La Fraternidad, Omar Maturano, a suggéré que l’absence de câble, partant un problème de communication, pourait être en cause. Et il a dénoncé un « définancement » de Trenes Argentinos.

« Il y a des vols de câbles de signalisation (…) on demande des réparations, mais il n’y pas de pièces de rechange, pour la signalisation, ou pour les trains. On nous dit qu’il n’y a pas de budget », a-t-il déploré.

Cette « dégradation de l’entreprise » suggère selon lui la volonté de baisser sa valeur, pour attirer le secteur privé en vue d’une cession, ou de concessions. Trenes Argentinos fait partie d’une dizaine d’entreprises d’État fléchées par le gouvernement ultralibéral de Javier Milei pour une privatisation, partielle ou totale.

« On n’est pas pour la privatisation, mais pas contre la concession. Que le capital privé vienne, mette l’argent dans l’infrastructure, pour que les trains fonctionnent comme il se doit ! », a déclaré M. Maturano sur Radio 10.

Avec AFP

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