« Il nous faut les financements » : dans un entretien à l’AFP à la COP30 de Belém, le ministre de l’Environnement de la Côte d’Ivoire exige que les promesses des pays riches soient tenues pour permettre de mettre en oeuvre les promesses climatiques.
« L’urgence dit qu’il faut agir rapidement. Plus y a des décalages, plus les impacts sont significatifs sur les États et il est difficile de rattraper les dégâts », dit Jacques Assahoré Konan.
QUESTION : Quelles sont vos attentes prioritaires à cette COP ?
RÉPONSE : « Le thème est évocateur, la +COP de la vérité+. Mais c’est en même temps la COP de l’implémentation (mise en oeuvre, ndlr). Durant les COP précédentes, toutes les solutions les plus imaginatives ont été élaborées. Aujourd’hui, la question est que ces solutions soient appliquées. C’est la première chose.
Mais pour les appliquer, il faut des financements. La question du financement revient à chaque COP, mais malheureusement, aucune solution n’est trouvée.
Au cours de cette COP, la plupart des pays, dont la Côte d’Ivoire, ont élaboré leur CDN (« contribution déterminée au niveau national », feuille de route climatique, ndlr) qui sont des engagements chiffrés. Nos CDN sont évaluées à 59 milliards de dollars avec un portefeuille de projets assortis. Il nous faut les financements et c’est ce que nous attendons ».
Q : Il y a eu un accord sur la finance l’an dernier à la COP29 de Bakou. Qu’est-ce que vous attendez de plus maintenant ?
R : « Que ça démarre (…) On parle d’urgence climatique. L’urgence dit qu’il faut agir rapidement. Plus y a des décalages, plus les impacts sont significatifs sur les États et il est difficile de rattraper les dégâts ».
Q : Certains pays, comme les petites îles, demandent plus d’ambition sur la baisse des gaz à effet de serre. Est-ce que vous les soutenez ?
R : « Oui, parfaitement. L’ambition climatique, ça veut dire qu’il faut réagir tout de suite. Les ambitions sont là. Les CDN sont élaborées. Mais les ambitions climatiques dans ce sens, ça veut dire qu’il faut mettre en œuvre tout ce qui a été déjà décidé. Et c’est cela qui est le gros problème de nos COP ».
Q : Le Brésil a lancé un fonds dédié à la protection des forêts tropicales, le TFFF. Est-ce que vous l’accueillez positivement ?
R « C’est une initiative qui me semble raisonnable, surtout dans son mécanisme de financement, parce que le mécanisme proposé est innovant, c’est du jamais vu.
Les Etats vont avancer 25 milliards de dollars, sur cette base on va emprunter 100 milliards de dollars qu’on va placer et les intérêts générés par ce placement vont permettre de rémunérer les pays qui protègent leurs forêts.
C’est un mécanisme, même s’il y a des observations à faire, qui est innovant. C’est quelque chose d’y avoir pensé. Et notre pays, en tant que pays forestier qui a perdu 80 % de son couvert forestier, est très intéressé par ce mécanisme ».
Avec AFP