Les dirigeants du G20 se retrouvent ce lundi 18 novembre 2024 à Rio de Janeiro pour un sommet sous forte pression, entre besoin d’un compromis sur le climat et divergences criantes sur l’Ukraine et le Proche-Orient, avant le retour de Donald Trump.
Alors que les dirigeants sont attendus au Musée d’Art moderne, qui va accueillir le sommet au bord de la sublime baie de Rio, plus que jamais les interrogations tournent autour de la déclaration finale attendue, et de son contenu.
« Pour le Brésil et d’autres pays, le texte est déjà bouclé, mais certains pays souhaitent rouvrir certains points sur les guerres et le climat », a indiqué à l’AFP une source au ministère brésilien des Affaires étrangères lundi matin, sans en dire davantage.
Les chefs d’État et de gouvernement des plus grandes économies avancées et émergentes, parmi lesquels les présidents des deux superpuissances, l’Américain Joe Biden, au crépuscule de son mandat, et le Chinois Xi Jinping, doivent tenter d’avancer sur la question du financement climatique, sous la houlette du Brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, hôte du sommet.
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé dimanche les dirigeants du G20 à assumer leur « leadership » et à faire « des compromis »pour permettre « un résultat positif à la COP29 », la conférence sur le climat à Bakou où les négociations sur le sujet piétinent depuis une semaine.
Les membres du G20 (19 pays, ainsi que l’Union européenne et l’Union africaine) représentent 85% du PIB mondial et 80% des émissions de gaz à effet de serre.
L’invasion russe de l’Ukraine et l’offensive israélienne à Gaza et au Liban fracturent aussi la communauté internationale.
« Les discussions sur l’Ukraine et le Proche-Orient (…) sont les plus difficiles. Nous verrons jusqu’où nous arrivons à aller dans le communiqué, ça va être un défi », a reconnu avant le G20 une source gouvernementale allemande.
Sur l’Ukraine, qui vient de subir l’une des plus importantes attaques russes de ces derniers mois, « on s’opposera fermement à toute dégradation de langage », a prévenu la présidence française.
Le président russe Vladimir Poutine, qui avait déjà manqué les derniers sommets, sera le grand absent à Rio.
Or, le moment est stratégique : Washington vient de donner l’autorisation à l’Ukraine de frapper le territoire russe avec des missiles à longue portée fournis par les États-Unis, selon un responsable américain.
Alliance contre la faim
Aux divergences sur les grands conflits en cours s’ajoute une incertitude sur l’attitude qu’adoptera le président argentin Javier Milei, ultralibéral et climatosceptique.
Buenos Aires a soulevé des objections et ne signera pas « nécessairement » le texte, avait dit à l’AFP dimanche soir le chef de la délégation argentine, Federico Pinedo, sans entrer dans les détails. Mais la source diplomatique brésilienne citée plus haut minorait lundi l’opposition argentine.
Le président de gauche Lula espère surtout marquer des points sur des dossiers sociaux, lui qui se pose en champion du « Sud global » et des plus défavorisés.
L’ex-ouvrier a d’ailleurs prévenu dimanche soir, dans un entretien sur la chaîne brésilienne GloboNews : il veut laisser les conflits de côté, « parce que sinon, on ne va pas discuter des autres choses qui sont importantes » pour « les pauvres, les invisibles du monde ».
Lula compte frapper un grand coup avec le lancement lundi matin d’une Alliance globale contre la faim et la pauvreté.
Elle va rassembler des pays du monde entier et des institutions internationales afin de dégager des moyens financiers et répliquer les initiatives qui fonctionnent localement.
Lula pousse aussi en faveur d’une taxation des plus riches. Les ministres des Finances du G20 s’étaient engagés à « coopérer » sur le sujet à Rio en juillet et à Washington en octobre.
Fragmentation
L’ombre de Donald Trump, qui revient à la Maison-Blanche en janvier, va planer sur la réunion de Rio.
Le président américain sortant Joe Biden a envoyé à son successeur un message en faveur de la protection de l’environnement, dimanche lors d’une étape en Amazonie brésilienne.
Depuis le cœur de la forêt tropicale à Manaus, il a défendu son bilan en matière de lutte contre le réchauffement climatique, selon lui une « menace existentielle » pour l’humanité.
Le retour au pouvoir du républicain, partisan des énergies fossiles et pourfendeur du multilatéralisme, alimente les craintes d’affaiblissement des ambitions mondiales de lutte contre le réchauffement climatique et d’une fragmentation internationale encore plus grande.
© AVEC AFP