Une fois de plus, la CEDEAO a fait une importante demande aux pays de l’Alliance des États du Sahel (AES).
En effet, dans un appel solennel lancé ce mardi 22 avril 2025 à Accra, le président ghanéen John Dramani Mahama a exhorté les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) à réintégrer la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Cette main tendue intervient lors des célébrations marquant le cinquantenaire de l’organisation régionale, à un moment critique où l’unité ouest-africaine se trouve fragilisée par des divisions géopolitiques.
Une invitation au dialogue et à la réconciliation entre la CEDEAO et l’AES
« Aujourd’hui n’est pas qu’une célébration. C’est un moment de réflexion sur notre parcours collectif et une invitation à renouveler notre engagement aux principes qui nous unissent depuis cinquante ans », a déclaré le président Mahama lors de la cérémonie officielle de lancement des célébrations du cinquantenaire.
Face à plusieurs chefs d’État et représentants de la région, il a plaidé pour une approche fondée sur le dialogue plutôt que sur la confrontation.
Le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO, annoncé en janvier 2024 et effectif depuis janvier 2025, constitue l’une des plus graves crises institutionnelles qu’ait connues l’organisation.
Cette décision, motivée par des accusations d’instrumentalisation de l’instance régionale par des puissances extérieures, notamment la France, a considérablement affaibli la cohésion ouest-africaine.
Sans mentionner explicitement les dirigeants des pays de l’AES, absents de la cérémonie malgré une invitation formelle, John Mahama a qualifié leur départ de « regrettable ».
Il a toutefois insisté sur le fait que la réponse à cette situation ne devait pas être « l’isolement ou la condamnation », mais plutôt « l’écoute, le dialogue et la volonté d’engager » un processus de réconciliation.
Des initiatives concrètes pour reconstruire la confiance
Le président ghanéen, qui s’est imposé comme médiateur dans cette crise, a affirmé avoir fait de la reprise des relations diplomatiques avec l’AES une priorité depuis son retour à la présidence.
Il a notamment cité la nomination d’un envoyé spécial et ses missions personnelles dans les trois pays concernés. « Le Ghana est prêt à servir de pont pour recoudre le tissu de l’unité ouest-africaine », a-t-il affirmé devant l’assemblée.
Dans cette perspective, il a annoncé l’octroi de 1 000 bourses d’études destinées à des étudiants issus des pays membres pour suivre des formations dans les universités ghanéennes.
« Ce n’est pas juste un geste, c’est un acte de solidarité. Un pont vers un avenir où nos jeunes se verront comme des partenaires et non comme des étrangers », a souligné Mahama.
Vers une CEDEAO renouvelée
En conclusion de son discours, John Dramani Mahama a appelé ses pairs à faire des cinquante prochaines années une ère « d’écoute, de cohabitation pacifique et de prospérité partagée ».
« La CEDEAO doit rester un forum pour entendre, un espace pour guérir, une maison pour une solidarité africaine visionnaire », a-t-il déclaré.
La balle est désormais dans le camp des dirigeants de l’AES, qui devront décider s’ils répondent favorablement à cette main tendue de la CEDEAO ou s’ils poursuivent leur chemin séparé, avec les conséquences que cela implique pour la cohésion régionale et la capacité collective à faire face aux défis communs.