La Chine a annoncé ce vendredi 11 avril 2025, porter ses surtaxes douanières sur les produits américains à 125%, une nouvelle escalade dans la guerre commerciale qui l’oppose aux Etats-Unis et qui continue de faire tanguer les marchés mondiaux.
« L’imposition par les États-Unis de droits de douane anormalement élevés à la Chine constitue une violation grave des règles du commerce international« , a affirmé la Commission des droits de douane du Conseil des affaires d’État, qui déplore une pratique « unilatérale d’intimidation et de coercition », selon un communiqué publié vendredi par le ministère chinois des Finances.
« Comme à ce niveau de tarifs, les produits américains exportés vers la Chine n’ont plus aucune possibilité d’être acceptés sur le marché » chinois, si Washington continue d’augmenter ses droits de douane, « la Chine l’ignorera », a-t-elle poursuivi.
L’incertitude générée par la politique de Donald Trump continue de faire plonger le dollar, qui a touché vendredi un plus bas face à l’euro en plus de trois ans.
Les marchés boursiers européens, qui avaient été les seuls à résister jeudi, sont repartis dans le rouge après les annonces de Pékin. A Paris, le CAC 40 reculait de 1,1%, la Bourse de Francfort reculait de 1,6%, celle de Londres de 0,4% et celle de Milan de 1,5% aux alentours de 09H00 GMT.
Dans le sillage de New York la veille, l’indice vedette Nikkei de la Bourse de Tokyo a, lui, terminé la semaine en repli de 2,95%.
La Chine et l’UE doivent assumer leurs responsabilités internationales
Mercredi, Donald Trump a annoncé le gel pour 90 jours des surtaxes punitives qu’il venait d’imposer à 60 partenaires commerciaux, le temps de boucler des négociations avec Washington.
Néanmoins, les Etats-Unis maintiennent depuis début avril des taux planchers de 10% et des surtaxes douanières de 25% sur l’acier, l’aluminium et l’automobile, notamment contre l’UE.
La Chine, elle, a été finalement frappée par une surtaxe monumentale à 145%.
Lors d’une rencontre vendredi avec le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, le président chinois Xi Jinping a appelé l’Union européenne à « résister ensemble » face à la guerre commerciale de Donald Trump.
« La Chine et l’UE doivent assumer leurs responsabilités internationales, protéger conjointement la mondialisation économique et l’environnement commercial international et résister ensemble à toute coercition unilatérale« , a lancé Xi Jinping à Pékin.
A l’issue de cette rencontre, le Premier ministre espagnol a indiqué devant la presse que « l’Espagne et l’Europe ont un déficit commercial important avec la Chine que nous devons nous efforcer de rectifier« . Mais « nous ne devons pas laisser les tensions commerciales entraver le potentiel de croissance des relations (…) entre la Chine et l’UE ».
– « Très intelligent » –
Le président français Emmanuel Macron a prévenu vendredi sur X que le rabaissement des droits de douane américains à 10% était « une pause fragile » et qu' »avec la Commission européenne, nous devons nous montrer forts: l’Europe doit continuer de travailler sur toutes les contre-mesures nécessaires ».
Dans l’immédiat, l’UE a suspendu sa riposte, ce que Donald Trump a jugé « très intelligent ». Mais si les discussions avec les Etats-Unis échouent, la Commission européenne pourrait taxer les géants américains de la tech, a menacé sa présidente Ursula von der Leyen.
« Il existe un large éventail de contre-mesures« , a-t-elle indiqué dans le Financial Times, citant « une taxe sur les revenus publicitaires des services numériques » et le recours à l' »instrument anticoercition », surnommé « bazooka » et pensé comme un outil de dissuasion.
D’autres pays asiatiques – dépendants de leurs exportations vers les Etats-Unis – font profil bas. A l’instar du Vietnam et du Cambodge, producteurs de textiles et membres de l’Association des nations d’Asie du sud-est (Asean), qui a dit qu’elle ne prendrait pas de mesures de rétorsion.
Donald Trump s’est montré serein jeudi en jugeant que « la transition aura un coût et posera des problèmes » mais qu’en fin de compte, « ça sera une bonne chose ». Le président américain a encore menacé jeudi soir le Mexique de nouveaux droits de douane.
Son ministre des Finances Scott Bessent a affirmé de son côté ne « rien » voir d' »inhabituel aujourd’hui » sur les marchés, alors que des élus démocrates ont estimé que le président républicain les avait peut-être illégalement manipulés en encourageant l’achat d’actions juste avant sa volte-face mercredi.