Chassée du Mali, du Burkina Faso et du Niger, Air France peut se réjouir de cette annonce

Chassée du Mali, du Burkina Faso et du Niger, Air France peut se réjouir de cette annonce

Crédit Photo : Air France

Chassée du Mali, du Burkina Faso et du Niger depuis de nombreux mois, Air France peut se réjouir de cette annonce faite par un groupe de réflexion.

La compagnie aérienne française tire son épingle du jeu dans la course à la décarbonation du secteur aérien.

Dans un nouvel observatoire des carburants d’aviation durable dits CAD (ou SAF, en anglais), produits à partir d’huiles usagées ou de résidus agricoles et forestiers, le groupe de réflexion « Transport et Environnement » (T & E) estime en effet que le groupe aérien franco-néerlandais est le mieux engagé sur la voie du carburant durable parmi les 77 compagnies aériennes qui ont été passées en revue pour l’occasion.

Selon T & E, sur ces 77 compagnies qui sont responsables d’environ 75 % de la consommation mondiale de kérosène, « seules 10 font des efforts notables pour passer du kérosène fossile à des alternatives réellement durables.

 Les 67 autres achètent soit trop peu de SAF, soit le mauvais type de SAF (par exemple basé sur des cultures alimentaires, NDLR), soit n’envisagent pas du tout les SAF dans leurs plans de décarbonation ».

Aucune compagnie n’obtient la note maximale

Pour établir son observatoire , T & E a défini quatre catégories (de A pour les très bons élèves à D pour les plus mauvais) et Air France-KLM, qui s’est fixé pour objectif une incorporation de 10 % de SAF dans son carburant en 2030, davantage que les 6 % requis par l’UE, pointe en catégorie B.

Si « aucune compagnie n’obtient la note maximale » du classement de T & E, Air France-KLM se distingue « car elle utilise déjà des SAF via les biocarburants avancés et biocarburants issus de déchets (huile de cuisson) ».

Elle a notamment renforcé son alliance avec TotalEnergies pour la fourniture de carburant d’aviation durable. Cela lui permet de se tenir sur la première marche du podium, devant United Airlines et Norwegian.

Les producteurs montrés du doigt

Si le constat est sévère pour les compagnies aériennes alors que le secteur a promis la neutralité carbone pour 2050 , T & E ne les blâme pas complètement. Le groupe de réflexion rejette en effet une grande partie de la faute sur les producteurs de ces carburants. « La moitié des compagnies aériennes du classement obtiennent un score de zéro pour leur utilisation insuffisante de carburants d’aviation durables. Mais une grande partie de la faute incombe aux compagnies pétrolières, qui n’investissent pas dans la transition vers le kérosène vert », explique T & E.

« Eni, TotalEnergies, Shell, BP, Chevron, ExxonMobil, Sinopec et Saudi Aramco prévoient de produire seulement 3 millions de tonnes de SAF d’ici à 2030, soit moins de 3 % de leur production actuelle dédiée à l’aviation », note le groupe de réflexion. Il rappelle aussi que « le marché de l’e-kérosène est actuellement dominé par de petits raffineurs et des start-ups, qui n’ont pas la capacité financière de produire suffisamment pour répondre aux besoins du marché de masse à long terme ».

« Les compagnies aériennes doivent changer cette situation en tapant du poing sur la table. Elles doivent vite faire comprendre à leurs fournisseurs de carburants que ce qu’ils leur vendent ne rendra pas leurs vols plus écologiques. Sinon, elles pourront dire adieu à leur objectif de zéro émission nette », souligne Jérôme du Boucher, responsable aviation à T & E France. Le groupe de réflexion estime que l’UE, qui a déjà fixé des règles strictes d’introduction de ces carburants « doit donner la priorité à l’adoption de carburants électroniques pour les avions dans son prochain accord industriel propre. »

En difficulté au Mali, au Burkina Faso et au Niger, Air France peut savourer cette bonne nouvelle.