Les combats entre la rébellion du M23 et les forces gouvernementales se sont intensifiés mercredi dans l’est de la République démocratique du Congo autour de Sake, cité considérée comme stratégique sur la route de Goma, ont indiqué des habitants.
Ces derniers jours, les affrontements dans le territoire de Masisi, à l’ouest de Goma (capitale provinciale du Nord-Kivu), ont provoqué de nouveaux déplacements de populations et fait plusieurs dizaines de blessés acheminés dans des centres de santé débordés, ont par ailleurs souligné des sources humanitaires.
Tout au long de la journée, des milliers de personnes fuyant ces combats sont arrivées en débandade à Goma où deux bombes sont tombées, a constaté une équipe de l’AFP.
« Nous nous sommes réveillés ce (mercredi) matin sous des bruits des détonations et explosions. Nous nous sommes rendus compte que nous allons tous mourir et avons décidé de fuir », a déclaré à l’AFP Patrick Manga, 35 ans et père de 4 enfants, en fuite avec ses deux matelas sur la tête.
« Nous demandons au gouvernement de nous aider à ramener la paix car c’est notre sol », a-t-il imploré.
Comme lui, Florence a aussi fui Sake. Cette mère de 9 enfants affirme avoir perdu certains dans la fuite et réclame la paix. « Je n’arrive pas à retrouver mes enfants. D’autres enfants sont peut-être morts, dites à (Félix) Tshisekedi (le président congolais) de nous ramener la paix s’il vous plait« , crie-t-elle.
Selon des témoins, deux bombes dont la provenance n’a pas été identifiée sont tombées à Goma. Une a explosé, sans faire de victime, non loin d’une université, créant la panique parmi les étudiants présents sur le campus.
Lors d’un point de presse mardi soir, le porte-parole des forces armées de RDC (FARDC), le général Sylvain Ekenge, a notamment indiqué que d' »intenses combats » avaient lieu « autour du contrôle de la partie de la route nationale 2 entre Sake (à une vingtaine de kilomètres de Goma) et Minova« , dans la province voisine du Sud-Kivu.
« Panique »
Une source médicale à Sake indiquait dans le même temps que le centre de santé de la ville avait reçu ces trois derniers jours une vingtaine de blessés, « en majorité des civils« , dont certains grièvement touchés. Une autre à Minova faisait état d’une trentaine de blessés reçus durant la même période.
Deux territoires du Nord-Kivu, Rutshuru et Masisi, sont en proie depuis fin 2021 à un conflit qui oppose la rébellion du M23 (« Mouvement du 23 mars« ), appuyée par des unités de l’armée rwandaise, aux FARDC associées notamment à des groupes armés se présentant comme des « patriotes ».
La plupart des voies d’approvisionnement de Goma, ville de plus d’un million d’habitants située à la frontière rwandaise, sont coupées par la rébellion.
« Je suis présentement à Kimoka, à 2 km de Sake, c’est la débandade, mes frères et sœurs qui ne supportent pas les détonations prennent en ce moment la direction de Goma« , a déclaré un peu plus tôt un habitant par téléphone à l’AFP.
Un responsable administratif précise que les affrontements s’intensifient dans les collines autour de Sake, qui se vide de ses habitants. « Mes administrés fuient vers Goma« , a-t-il indiqué. Les combats « créent la panique parmi la population« , a également déclaré un représentant de la société civile.
Ceux qui ont quitté Sake, ne cachent pas leur inquiétude sur la suite des événements.
« Les gens meurent comme des mouches, certains se font tamponner sur la route pendant la fuite. Regardez le nombre de personnes qui arrivent ici à Mugunga (quartier de Goma, Ndlr), tous ceux qui étaient à Sake sont ici, là on se retrouve au milieu des combats, Sake est sur le point de tomber, qu’allons nous faire maintenant ? Il ne reste que le lac comme lieu de refuge ? C’est notre fin maintenant ! », se demande Bahati Kito, 25 ans, arrivé mercredi à Goma.
Avec AFP