Première femme et première africaine à la tête de l’OMC, la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala s’est lancée mardi à la conquête d’un second mandat à la tête de cette organisation qui peine à se réformer et à conclure de nouveaux accords majeurs.
Si aucun autre candidat ne s’est pour l’instant déclaré, une grande incertitude demeure toutefois avec les élections américaines à venir. Une nouvelle victoire de Donald Trump à la Maison Blanche, qui en 2020 avait bloqué la nomination de Mme Okonjo-Iweala à la direction générale de l’OMC, pourrait jouer en sa défaveur.
L’annonce de sa candidature était en tous cas attendue depuis juillet, lorsque, lors d’une réunion au siège de l’Organisation mondiale du commerce, le groupe des pays africains lui avait officiellement demandé de se rendre disponible pour un second mandat.
C’est désormais chose faite, et mise à part l’incertitude liée aux élections aux Etats-Unis, les perspectives s’annoncent favorables pour la Nigériane, 70 ans, appréciée des diplomates, tant pour son niveau élevé d’engagement que pour ses nombreux contacts au plus haut niveau.
« Mme Ngozi Okonjo-Iweala a officiellement annoncé son intention de briguer un second mandat en tant que directrice générale de l’OMC. Elle a répondu positivement à la demande du groupe africain, en tenant compte du soutien massif et généralisé exprimé par les membres lors de la réunion du Conseil général de juillet », a indiqué son porte-parole Ismaila Dieng, aux journalistes.
Sa décision a été officiellement communiquée lundi au président du Conseil général de l’OMC, l’ambassadeur norvégien Petter Olberg.
Lors de la réunion en juillet à Genève, 58 membres de l’OMC, dont plusieurs s’étaient exprimés au nom de groupes de pays, avaient pris la parole pour commenter la proposition du groupe africain et exprimer leur soutien à celle-ci.
Fin août 2025
Son mandat actuel à la tête de l’OMC, une organisation qui compte désormais 166 membres depuis l’accession du Timor-oriental le 30 août et des Comores le 21 août, se termine à la fin d’août 2025.
Mais le temps presse, car le processus de nomination commence neuf mois avant l’expiration du mandat d’un directeur général en exercice, soit en décembre dans le cas actuel.
Comme pour toutes les décisions à l’OMC, les directeurs généraux de l’OMC sont choisis par consensus par l’ensemble des membres de l’organisation.
Cette procédure n’est pas remise en cause par les pays mais elle a montré ses limites lors de la nomination de Mme Ngozi Okonjo-Iweala, à laquelle l’ancien président américain Donald Trump s’était opposé, envers et contre tous, lui préférant la ministre sud-coréenne du Commerce Yoo Myung-hee.
La Nigériane avait dû attendre l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche pour obtenir le soutien de Washington et prendre, ainsi, les rênes de l’OMC en février 2021. Elle avait alors succédé au Brésilien Roberto Azevedo, lui-même parti un an avant la fin de son mandat pour raisons familiales.
Elle avait trouvé une organisation quasi-paralysée et qui n’arrivait plus à remplir sa mission. Au cours de ces quatre dernières années, elle a tenté de lui insuffler un nouveau dynamisme, notamment en plaçant l’OMC au cœur des discussions sur l’accès aux vaccins pendant la pandémie de Covid-19.
Elle est également parvenue à faire aboutir des négociations vieilles de plus de vingt ans sur l’interdiction de certaines formes de subventions à la pêche, et se montre largement favorable à ce que les pays concluent des accords par groupe s’ils ne parviennent pas à un consensus.
Mais quatre ans après son arrivée, la pression en faveur de la réforme de l’OMC s’est accentuée, avec notamment la question de savoir si les économies émergentes plus avancées devraient contracter des obligations plus importantes dans le cadre des accords.
Et le système de règlement des différends, dont la nomination des juges de l’organe d’appel est bloquée depuis plusieurs années par les Etats-Unis, n’a toujours pas été remis en état de marche.
L’objectif est d’y parvenir encore cette année, pour que l’OMC puisse lancer plus sereinement les préparatifs de sa prochaine grande réunion ministérielle, en 2026, au Cameroun.
© avec l’AFP