La romancière sud-africaine Zukiswa Wanner et l’artiste-peintre égyptien Mohamed Abla ont posé un acte fort. Les deux artistes africains ont rendu leur médaille Goethe, distinction officielle de la République fédérale d’Allemagne.
« Je ne peux plus garder le silence et conserver une récompense officielle décernée par un gouvernement si insensible à la souffrance humaine à Gaza« , a déclaré, dans un communiqué publié sur X, la romancière sud-africaine Zukiswa Wanner, première femme du continent à obtenir la médaille Goethe en 2020.
« Je comprends la culpabilité de l’Allemagne pour l’Holocauste […]. Cette culpabilité est justifiée et a permis à l’Allemagne de faire face à son passé déraisonnable. Mais cela rend d’autant plus honteuse sa position sur le génocide actuel en Palestine. Par ailleurs, en tant qu’Africaine, j’aimerais que le gouvernement allemand manifeste le même regret pour son histoire en Namibie avec le génocide des Hereros et des Namas et pour le génocide lors de la rébellion des Maji-Maji en Tanzanie« , a-t-elle écrit.
De son côté, le peintre égyptien Mohamed Abla a aussi restitué la distinction obtenue en 2022, en affirmant:
« les paroles du gouvernement allemand, qui ignore le sort et les droits des Palestiniens et arme Israël, n’ont aucun sens« .
Ces artistes africains ont encouragé d’autres artistes à agir par divers moyens contre ce qu’il a qualifié d' »injustice très apparente ».
Les médailles Goethe ont été décernées à ces personnalités artistiques pour la défense de la langue allemande à l’étranger et la recherche d’une collaboration culturelle internationale.
La position de Berlin qui ne passe pas
Fin décembre, l’Afrique du Sud a sollicité la Cour internationale de justice en déposant une requête contre Israël qu’elle accuse d’ »actes de génocide » à Gaza.
Pour sa part, le gouvernement allemand a rejeté « fermement et explicitement l’accusation de génocide portée contre Israël« , la jugeant « dénuée de tout fondement ». Il interviendra en tant que tierce partie à La Haye.
Près de 79 ans après la libération du camp d’Auschwitz, Berlin est devenu un allié indéfectible et inconditionnel de Tel-Aviv.
« En tant que chancelier d’un pays dont l’histoire est responsable de la Shoah et de la mort de millions de juifs en Europe, je veux être aux côtés d’Israël qui a le droit de se défendre », confiait Olaf Scholz, en novembre dernier.
Lors de la première visite d’un dirigeant allemand à la Knesset en 2008, Angela Merkel avait reconnu le manque de neutralité de son pays et assuré que la sécurité d’Israël faisait partie de « la raison d’Etat » allemande.
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