CEDEAO : après le retrait des pays de l’AES, l’organisation donne un coup d’accélérateur pour…

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Crédits photo : L-Frii Media

Quelques mois après le retrait des pays de l’AES (Burkina Faso, Mali, Niger) de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), cette dernière donne un coup d’accélérateur pour la création de sa force antiterroriste régionale.

En effet, l’organisation a convoqué une réunion extraordinaire de ses ministres des Finances et de la Défense pour résoudre le problème du financement de cette force militaire.

La décision a été prise lors du 67e sommet à Abuja. Elle témoigne par ailleurs de l’urgence sécuritaire après le départ des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES).

Pour rappel, l’Alliance des États du Sahel regroupe le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Ces trois pays ont quitté la CEDEAO en janvier 2025, affaiblissant l’organisation régionale.

Leur départ prive la CEDEAO de territoires stratégiques dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Par conséquent, les pays restants doivent renforcer leurs capacités militaires pour compenser cette perte.

La Force en attente de la CEDEAO (FAC) reste bloquée par des contraintes budgétaires importantes. Annoncée depuis décembre 2024, cette force antiterroriste peine à devenir opérationnelle faute de financements suffisants.

Le président nigérian Bola Ahmed Tinubu avait insisté sur cette urgence lors de la passation de pouvoir à son homologue sierra-léonais Julius Maada Bio.

« La Force en attente de la CEDEAO doit passer du concept à la réalité opérationnelle dès maintenant », a déclaré le dirigeant nigérian. Cette exhortation vient mettre en lumière l’impatience des dirigeants face aux retards accumulés. L’organisation régionale subit une pression croissante pour agir rapidement contre la menace terroriste.

Et pour cause, la situation sécuritaire se dégrade dramatiquement dans plusieurs pays membres de la CEDEAO. Preuve en est le cas du Bénin. Le pays a en effet subi l’attaque la plus meurtrière de son histoire en avril 2025 avec 54 soldats tués. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), branche sahélienne d’Al-Qaïda, a revendiqué cette opération sanglante.

Le pays de Patrice Talon n’est pas le seul à subir les affres du terrorisme. Le Nigeria demeure lui aussi confronté à l’insurrection de Boko Haram et de l’État islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap).

Ces groupes terroristes contrôlent plusieurs zones du nord-est nigérian. Le Togo subit également l’expansion de la menace terroriste vers les pays côtiers du golfe de Guinée.

C’est devant ces menaces que l’infrastructure militaire de la CEDEAO progresse malgré les difficultés financières. Le dépôt logistique militaire régional de Lungi en Sierra Leone est désormais achevé. Cette installation stratégique soutiendra les futures opérations de la force antiterroriste régionale.

Le Nigeria s’engage à fournir le transport maritime et aérien de la force selon les accords signés en février 2025 à Addis-Abeba. Cette contribution logistique majeure de la première puissance économique régionale facilite le déploiement des troupes. Toutefois, cette aide ne suffit pas à couvrir l’ensemble des besoins opérationnels.

La force antiterroriste débutera avec une brigade de 1 650 militaires avant d’atteindre 5 000 hommes à terme. Ce déploiement progressif permet d’étaler les coûts sur plusieurs années. Néanmoins, même cette première phase nécessite des financements importants que les États peinent à mobiliser.

Les experts militaires ont défini les bases logistiques et juridiques de la FAC lors de réunions techniques intensives. Ces travaux préparatoires permettent d’optimiser l’efficacité future de la force. Cependant, l’architecture opérationnelle reste incomplète sans les ressources financières adéquates.

Le succès de la Force en attente dépendra de la capacité des États membres à transformer leurs engagements politiques en actions concrètes. La réunion ministérielle extraordinaire constituera un test décisif pour l’avenir sécuritaire des pays de la CEDEAO post-AES.

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