Après le départ du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO, l’organisation régionale va célébrer ses 50 ans d’existence.
Le Ghana va abriter les festivités qui entrent dans le cadre de la célébration de ses cinquante années d’existence.
Les célébrations ont lieu alors que le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont quitté la CEDEAO fin janvier 2025. Et même si les trois pays restent membres de la zone franc CFA dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), la situation suscite l’appréhension des commerçants, notamment en Côte d’Ivoire.
Le Forum des marchés d’Adjamé, à Abidjan est l’Afrique de l’Ouest en miniature. « Je viens du Mali » ; « Je suis burkinabè, mais je suis né ici en Côte d’Ivoire. » Ici, le commerce se fait avec toute la sous-région. Adama est burkinabè. Il importe des vêtements en tissu bogolan qu’il revend à Abidjan. Pour lui, la sortie de son pays de la CEDEAO va poser problème. « Nous sommes commerçants.
On peut partir de Côte d’Ivoire pour aller vendre au Burkina. On peut aller au Burkina pour venir vendre en Côte d’Ivoire… Les deux pays, s’ils ne s’entendent pas, ce n’est vraiment pas bon. Nous, on veut vraiment qu’ils s’entendent, on sera contents ! », explique-t-il.
Critiquée et fragilisée, l’organisation est aujourd’hui à la croisée des chemins.
La CEDEAO a pourtant démontré, par le passé, qu’elle savait s’adapter. En 1990, face au conflit au Libéria, elle met sur pied l’Ecomog, une force d’intervention. Neuf ans plus tard, elle s’ouvre aux enjeux sécuritaires en adoptant un protocole relatif aux questions de paix et de sécurité, avant d’adopter en 2001 un autre protocole consacré cette fois-ci à la démocratie et à la bonne gouvernance.
Mais l’organisation est profondément déstabilisée par la multiplication des conflits et l’apparition de l’extrémisme violent. « La CEDEAO n’était pas équipée pour cela », précise Amandine Gnanguénon, chercheuse sénior à l’Africa policy research Institut de Berlin, avant d’ajouter : « Cela a été difficile de mettre à la fois en place les dispositifs, d’intervenir en même temps et de faire la prévention. Elle s’est laissée un peu déborder par tout cela et puis par le fait qu’elle a perdu la main sur son agenda », et ce au profit de nouvelles structures comme le G5 Sahel ou l’initiative d’Accra.