Ce pays tourne le dos au Bitcoin

Réserve stratégique de bitcoins: à quoi ressemblera le "Fort Knox numérique" de Trump

Credit Photo : As et Associés

Le bitcoin n’a jamais été utilisé par la majorité des Salvadoriens et n’a aujourd’hui plus cours légal dans le pays. Un pari raté pour le président Nayib Bukele, qui avait fait du Salvador le premier pays à adopter officiellement le bitcoin en 2021.

La réforme de la loi Bitcoin de 2021 a été adoptée mercredi 29 janvier 2025 par le parlement monocaméral, composé de 60 membres et largement dominé par le parti « Nouvelles Idées » du chef de l’État. Cet assouplissement législatif, réclamé par le Fonds monétaire international (FMI), était une condition pour l’octroi d’un prêt de 1,4 milliard de dollars en décembre.

Le terme « monnaie » a été supprimé de l’article 1, qui stipule désormais que les transactions en bitcoins doivent être acceptées volontairement par les personnes physiques ou morales.

Selon la nouvelle réglementation, l’utilisation du bitcoin dans l’économie dollarisée du Salvador sera facultative, et le secteur privé sera libre d’accepter ou non les paiements en cryptomonnaie pour les biens et services. Les commerçants ne sont plus tenus de convertir les prix en dollars en bitcoins.

« Le bitcoin n’a plus cours légal. Cela aurait toujours dû être le cas, mais le gouvernement a voulu l’imposer et cela n’a pas fonctionné », a déclaré à l’AFP l’économiste Rafael Lemus.

La réforme, qui entrera en vigueur 90 jours après sa publication au Journal officiel attendue dans les prochains jours , mentionne toutefois l’existence d’un « cours légal », une formulation que Carlos Acevedo, économiste et ancien président de la banque centrale, juge incohérente et estime devoir être corrigée.

« Très compliqué et risqué »

Malgré la loi de 2021, la majorité des Salvadoriens n’a jamais adhéré à l’initiative de M. Bukele, par ailleurs très populaire pour sa politique de lutte contre les gangs, qui a fait chuter le nombre d’homicides à un niveau historiquement bas.

Selon une récente enquête, 91,9 % des Salvadoriens n’ont ainsi pas utilisé le bitcoin dans leurs transactions en 2024.

« Je l’ai utilisé et je n’ai pas aimé (…). C’est très compliqué et risqué. Ce n’est pas pour une employée qui a du mal à joindre les deux bouts », explique à l’AFP Juana Henríquez, une infirmière de 55 ans, qui dit avoir tenté de faire des bénéfices mais avoir plutôt perdu de l’argent.

Le président Bukele a également échoué dans son projet ambitieux de créer Bitcoin City, une ville futuriste financée par des obligations en cryptomonnaies et dont l’exploitation minière devait être alimentée par l’énergie d’un volcan situé à Conchagua, à environ 200 km de San Salvador.

Berlin, une ville située à 110 km à l’est de la capitale, et la plage d’El Zonte (sud-ouest) sont devenues des zones d’expérimentation pour les adeptes des cryptomonnaies, mais la majorité d’entre eux sont des résidents étrangers ou des touristes.

Malgré ce revirement, sur lequel M. Bukele ne s’est pas encore exprimé, les autorités assurent que le gouvernement continuera à soutenir la plus célèbre des cryptomonnaies, qui s’échange actuellement à plus de 100 000 dollars.

L’ambassadrice du Salvador aux États-Unis, Milena Mayorga, a déclaré jeudi 30 février 2025, lors d’un événement consacré au bitcoin à San Salvador, que la réforme devait être considérée comme une adaptation « à la conjoncture ».

Le gouvernement, a-t-elle affirmé, continuera d’acheter des bitcoins et de détenir des réserves en cryptomonnaie. Selon le Bureau national du bitcoin, le Salvador possède actuellement 6 050 bitcoins, d’une valeur de 634,8 millions de dollars.

Nayib Bukele s’est récemment dit convaincu que, sous la nouvelle administration de la Maison-Blanche, la cryptomonnaie connaîtra « une appréciation exponentielle ». Il continue de publier fréquemment des messages sur ses réseaux sociaux à propos de la hausse du cours du bitcoin.

Avec AFP

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