Ce pays contraint des prisonniers à produire des cigares

Des prisonniers à Cuba produisent des cigares et du charbon de bois destinés à l’exportation, a révélé ce lundi 15 septembre 2025, une ONG espagnole qui souhaite alerter les entreprises qui commercialisent ces produits en Europe.

Prisoners Defenders, organisation de défense des droits humains basée à Madrid, a étudié la production manuelle de cigares dans sept prisons du pays où ont été installés des centres de fabrication.

Selon les données analysées, 7,5 % de la production de cigares destinés à l’exportation sont fabriqués par des prisonniers qui reçoivent un salaire de 3.000 pesos cubains (7 dollars au taux de change informel).

Le salaire moyen à Cuba est de 6.000 pesos. A titre de comparaison, un « torcedor » de cigares de l’entreprise d’Etat, Tabacuba, peut gagner jusqu’à 25.000 pesos.

En 2024, les ventes de cigares cubains ont représenté 827 millions de dollars, un secteur crucial pour l’économie cubaine qui subit depuis cinq ans sa pire crise depuis trente ans, et qui fait face à une forte perte de main d’œuvre en raison de la vague d’émigration massive qui touche le pays.

Selon plusieurs sources consultées par l’AFP, la production de cigares dans les prisons a commencé début 2024.

« Le groupe Tabacuba est l’une des entreprises les plus puissantes du pays et il est plus avantageux pour elle de travailler avec des prisonniers, car ceux-ci travaillent pour un salaire dérisoire, voire inexistant, pendant des journées de 10 heures, sans conditions, et sont très mal nourris », dénonce un prisonnier cité dans le rapport.

L’AFP a contacté les autorités cubaines qui n’ont pas donné suite.

Outre la production de cigares, les prisonniers cubains travaillent dans d’autres secteurs économiques. Les trois principaux sont la production de charbon de bois, la coupe de canne à sucre et la production agricole, tous fortement touchés par le manque de main d’œuvre.

En 2023, les prisonniers cubains ont produit pour 61,8 millions de dollars de charbon végétal, selon l’ONG.

Pour ce rapport, Prisoners Defenders s’est entretenu avec 53 personnes privées de liberté à Cuba, soumises au travail pendant leur peine, et a mené 110 entrevues complémentaires.

A partir de ces données, elle estime qu’un total de 60.000 prisonniers sur 90.000, sont soumis à du « travail forcé » au sein des centres de détention cubains.

Des prisonniers ou proches de prisonniers, contactés de forme indépendante par l’AFP, ont indiqué que le travail était « volontaire », mais certains ont dénoncé une « exploitation » ou des traitements « arbitraires » de la part des gardiens.

Avec AFP

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