L’Inde, membre éminent des BRICS, a réagi avec prudence ce jeudi 3 avril 2025 à l’annonce par le président des États-Unis Donald Trump de nouveaux droits de douanes, les exportateurs estimant que la surtaxe de 26% imposée à la cinquième économie mondiale aurait pu être plus élevée.
La Bourse indienne a chuté à l’ouverture jeudi, l’indice de référence Nifty perdant près de 0,3% dans la matinée.
En annonçant mercredi les nouveaux droits de douane, M. Trump a qualifié le Premier ministre indien Narendra Modi de « grand ami » tout en soulignant qu’il n’avait pas « traité correctement » les Etats-Unis.
Le gouvernement indien n’a pas encore réagi, mais des exportateurs ont fait part d’un sentiment de déception mêlé à un certain soulagement.
« Les tarifs imposés à l’Inde sont vraiment élevés et plus importants que prévu, ce qui nuira à la demande », a déclaré à l’AFP Ajay Sahai, directeur général de la Fédération des organisations d’exportation indiennes.
M. Sahai a cependant souligné que « de nombreux pays avec lesquels nous sommes en concurrence sur le plan international, notamment la Chine, l’Indonésie et le Vietnam, ont été plus durement touchés que nous ».
« Cela nous laisse de l’espace pour gagner des parts de marché. Mais à terme, si plus de pays répliquent et que le commerce mondial est affecté, ce n’est bon pour personne ».
Le secteur pharmaceutique indien, qui a exporté plus de 8 milliards de dollars (7,30 milliards d’euros) de produits vers les États-Unis au cours de l’exercice 2024, n’est pas affecté par ces annonces, les médicaments étant exemptés des droits de douane réciproques.
Pour le secrétaire général de l’Alliance pharmaceutique indienne, Sudarshan Jain, cela témoigne du « rôle crucial des médicaments génériques économiques et vitaux à santé publique, la stabilité économique et la sécurité nationale ».
L’indice Nifty Pharma était en hausse de plus de 2,5% jeudi matin.
New Delhi négocie actuellement la première tranche d’un accord commercial bilatéral avec Washington et a donné des gages aux États-Unis ces dernières semaines, notamment en réduisant les droits de douane sur des produits américains comme les motos haut de gamme et le whisky bourbon.
« L’Asie a été beaucoup plus touchée que l’Inde par les droits de douane, » a souligné Madhavi Arora, économiste en chef au sein d’Emkay Global Financial Services, estimant que « la manière dont réagira la Chine au coup de massue subi sera importante ».
Le groupe de réflexion Global Trade Research Initiative, basé à New Delhi, voit dans ces nouvelles taxes, « une opportunité pour l’Inde de renforcer sa position dans le commerce et la fabrication sur le plan mondial ».
Selon lui, l’Inde bénéficie d’un « avantage compétitif » dans des secteurs clés, notamment en raison des droits de douanes des États-Unis imposés au secteur textile chinois et bangladais.
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