Les États-Unis et le Tchad, un pays du Sahel, s’opposent sur la question du redéploiement de troupes américaines dans le pays sahélien. Cette situation fait écho aux récents bouleversements dans la région, notamment l’expulsion des forces américaines du Niger.
Le 20 septembre 2024, le général Kenneth Ekman du commandement militaire américain pour l’Afrique (Africom) a annoncé le prochain retour de soldats américains au Tchad, affirmant que cette décision répondait à une demande des autorités tchadiennes.
Cependant, cette déclaration a rapidement été contredite par le gouvernement tchadien. Abderamane Koulamallah, chef de la diplomatie tchadienne, a formellement démenti cette information lors d’un entretien à New York, déclarant :
« On n’a pas eu de contact militaire et nous démentons catégoriquement l’information […] on n’a pas discuté avec le gouvernement américain sur le retour de leurs forces au Tchad ».
Cette contradiction flagrante entre les déclarations américaines et tchadiennes soulève des questions sur la nature des communications entre les deux pays et pourrait potentiellement engendrer des tensions diplomatiques.
Le gouvernement tchadien, soucieux de réaffirmer sa souveraineté, a rappelé dans un communiqué officiel que le pays « reste maître de ses décisions en matière de sécurité nationale et de coopération militaire avec ses partenaires internationaux ».
La région du Sahel, un contentieux qui s’inscrit dans une dynamique régionale
La controverse actuelle s’inscrit dans un contexte plus large de remise en question de la présence militaire étrangère dans la région du Sahel.
En effet, le Tchad avait déjà ordonné le retrait des forces spéciales américaines stationnées sur la base aérienne de Koseï à N’Djamena juste avant l’élection présidentielle de mai 2024.
Ce contingent, composé de 75 membres, avait pour mission de soutenir des opérations antiterroristes dans le Sahel et la région du lac Tchad.
L’annonce du général Ekman concernant un possible redéploiement mentionnait cette fois-ci « un nombre limité de forces spéciales » , ce qui pourrait être interprété comme une tentative d’adaptation à l’hostilité croissante envers les bases militaires étrangères dans la région.
Cependant, le démenti du Tchad remet en question la réalité de ces discussions et la nature des relations actuelles entre les deux pays.
Pour le Tchad, cette affaire souligne la délicate position du pays, pris entre la nécessité de maintenir sa sécurité face aux menaces terroristes et le désir d’affirmer sa souveraineté nationale.
La réaction ferme du gouvernement tchadien pourrait être interprétée comme un signal fort envoyé non seulement aux États-Unis, mais aussi à d’autres partenaires internationaux, sur sa volonté de contrôler pleinement sa politique de défense.