Le Nigeria, géant économique de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), intensifie ses efforts pour produire localement 70% de ses médicaments.
Après l’obtention d’un financement de 240 millions de dollars (soit 140 milliards de francs CFA) d’une entreprise pharmaceutique du Brésil en 2024, le pays s’associe maintenant à un géant d’Europe.
La méthode du membre de la CEDEAO pour la production locale future de ses médicaments
Concrètement, le pays d’Afrique de l’Ouest s’est rapproché d’une firme suisse pour créer une académie dédiée à la fabrication de médicaments.
Le protocole d’accord signé en avril 2025 entre le Nigeria et Empower Swiss, spécialiste de la formation pharmaceutique, est la première étape dans la quête d’indépendance médicamenteuse du pays.
Cette collaboration vise à établir une académie de fabrication de médicaments à Abuja, la capitale fédérale.
L’initiative s’intègre facilement dans la Presidential Initiative on Unlocking Healthcare Value Chains (PVAC), lancée en 2023 par le gouvernement nigérian.
L’objectif est claire : produire localement 70% des besoins pharmaceutiques nationaux d’ici 2030 et 60% des vaccins d’ici 2040.
Selon les données de la NAFDAC (l’agence nigériane de contrôle des médicaments et produits alimentaires), 70% des médicaments consommés au Nigeria sont actuellement importés.
Cette situation expose le pays à des risques logistiques et géopolitiques considérables. En 2023, ces importations ont coûté 81,81 milliards de nairas au pays, soit environ 51 millions de dollars.
L’académie, conçue par Empower Swiss qui opère déjà dans plus de quarante pays, aura pour mission principale de former des professionnels qualifiés capables d’occuper des postes techniques dans les futures usines locales de médicaments et de vaccins.
Ces compétences seront essentielles pour atteindre les objectifs de la CEDEAO en matière d’autonomie médicamenteuse.
Si elle se concrétise, l’Empower Academy Nigeria pourrait devenir une référence régionale en matière de formation industrielle pharmaceutique, notamment dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Son rayonnement pourrait s’étendre au-delà des frontières nigérianes, bénéficiant potentiellement à d’autres pays membres de la CEDEAO cherchant à développer leur propre industrie pharmaceutique.
Le succès de cette initiative dépendra de plusieurs facteurs critiques. L’alignement des programmes de formation sur les besoins des industriels locaux et la création effective d’unités de production capables d’employer les talents formés seront déterminants.
Un cadre réglementaire stable favorisant le transfert technologique et l’investissement privé sera également nécessaire pour soutenir cette démarche d’autonomisation médicamenteuse dans la région CEDEAO.
Sans une coordination étroite entre formation, industrialisation et stratégie économique, cette initiative risque de rester symbolique dans un secteur où l’Afrique ne représente actuellement que 3% de la production mondiale de médicaments.