La Libye s’apprête à instaurer un système de droits de douane qui concernera les importations en provenance de 26 pays.
Cette mesure protectionniste, révélée le 23 avril par l’agence de presse italienne Agenzia Nova, s’inscrit dans une stratégie économique visant à renforcer la production nationale et réduire la dépendance du pays aux marchés extérieurs.
Selon les informations relayées par nos confrères de l’Agence Ecofin, le gouvernement d’Union nationale (GNU), l’exécutif libyen reconnu par la communauté internationale et basé à Tripoli, a préparé un projet de décret soumis par le ministère de l’Économie et du Commerce au Conseil des ministres.
Ce texte prévoit l’application de tarifs douaniers variant de 10% à 25% sur un large éventail de produits de consommation et d’intrants industriels.
Les droits de douane Libye toucheront particulièrement certains partenaires commerciaux majeurs du pays.
Parmi les nations concernées figurent la Tunisie avec un taux de 20%, l’Égypte à hauteur de 14%, l’Italie et la Turquie qui se verront appliquer un taux de 20% chacune.
Des puissances économiques comme l’Allemagne et la France seront taxées respectivement à 19% et 19,6%, tandis que la Grèce et l’Espagne devront faire face à un taux de 21%. Les importations en provenance de Chine seront soumises à un taux de 17%, et celles des États-Unis à 21%.
Ces mesures sont présentées par les autorités libyennes comme un « mécanisme de protection temporaire et ciblé » avec une validité initiale de 14 mois, potentiellement renouvelable.
Le ministère libyen de l’Économie a tenu à préciser que ces nouvelles dispositions « n’auront pas d’impact sur les biens essentiels » ni sur « les importations à usage humanitaire ou faisant l’objet d’exemptions spéciales », soulignant ainsi la volonté de ne pas pénaliser l’accès aux produits de première nécessité.
La justification officielle de cette politique douanière s’articule autour de plusieurs objectifs économiques clairement définis.
En premier lieu, les autorités libyennes visent à « protéger les produits locaux, encourager la production industrielle nationale et réduire la dépendance à l’égard des importations ». Cette orientation traduit une volonté de diversification économique dans un pays dont les revenus demeurent fortement liés au secteur des hydrocarbures.
Les nouvelles taxes douanières sont également présentées comme un moyen de réduire la pression sur les réserves de devises du pays, d’améliorer la compétitivité des industries locales, de limiter la fuite des capitaux et de rationaliser les dépenses publiques.
Ces objectifs s’inscrivent dans un contexte économique particulièrement difficile pour la Libye, qui tente toujours de reconstruire son économie après plus d’une décennie d’instabilité politique et de conflits intermittents depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.
Au final, pour la Libye, ces droits de douane pourraient constituer un levier pour stimuler l’économie locale, mais risquent pareillement de susciter des réactions de la part des partenaires commerciaux affectés.