L’Éthiopie montre clairement une ambition importante pour son réseau hydrique. En effet, le lundi 28 avril 2025, les autorités éthiopiennes ont officiellement lancé un ambitieux programme quinquennal visant à identifier et cartographier l’intégralité des eaux souterraines du pays.
Le réseau hydrique éthiopien, bien que relativement abondant, demeure paradoxalement insuffisant pour répondre aux besoins croissants d’une population estimée à 126,5 millions d’habitants selon les dernières données de la Banque mondiale.
« Bien que les eaux souterraines soient abondantes, leur qualité reste un défi. Certaines zones présentent des concentrations élevées de fluorure, de chlorure et d’autres produits chimiques qui compliquent leur utilisation », a expliqué Habtamu Itefa, ministre de l’Eau et de l’Énergie, lors de la présentation officielle du projet.
L’enjeu est considérable pour ce pays d’Afrique de l’Est où plus de 80% de la population vit en milieu rural et dépend directement des ressources en eau pour sa survie quotidienne et ses activités agricoles.
Si l’Éthiopie possède effectivement d’importantes ressources hydriques, assurant environ 90% de l’approvisionnement domestique, leur répartition territoriale inégale et leur caractère saisonnier engendrent des situations de stress hydrique chronique dans plusieurs régions.
Le constat actuel est préoccupant : les données disponibles sur les eaux souterraines ne couvrent que 17% du territoire national, selon les informations communiquées par le ministère de l’Eau et de l’Énergie.
Cette méconnaissance du potentiel hydrogéologique éthiopien constitue un frein majeur à une gestion rationnelle et durable de la ressource. Le programme lancé permettra de combler cette lacune en établissant, pour la première fois, une base de données nationale exhaustive sur les nappes phréatiques.
Cette cartographie complète du réseau hydrique souterrain vise plusieurs objectifs stratégiques. Elle permettra d’abord d’évaluer précisément la disponibilité et la distribution spatiale des ressources, puis d’analyser leur qualité chimique, souvent problématique dans certaines régions.
Ces informations s’avéreront cruciales pour planifier efficacement les futurs projets d’approvisionnement en eau potable, optimiser l’irrigation agricole et prévenir la surexploitation des nappes.
La majorité de la population rurale éthiopienne s’approvisionne actuellement via des eaux souterraines, souvent exploitées de manière artisanale, sans véritable contrôle de leur qualité.
Cette situation expose de nombreuses communautés à des risques sanitaires significatifs. La cartographie permettra d’identifier les zones à risque et d’orienter les investissements vers les régions prioritaires.
La mobilisation internationale autour du réseau hydrique éthiopien témoigne également de l’importance accordée à cette ressource stratégique.
En 2022, l’Agence française de développement (AFD) avait déjà contribué à une première cartographie partielle des ressources souterraines. Plus récemment, le Fonds africain de développement a accordé un don de 46 millions de dollars pour améliorer l’accès à l’eau et à l’assainissement des communautés pastorales de la région de Borana, particulièrement vulnérables aux épisodes de sécheresse.
Pour les experts du secteur, cette initiative de cartographie complète constitue une avancée dans la gestion des ressources hydriques en Afrique de l’Est.
Elle permettra non seulement d’optimiser l’exploitation des eaux souterraines, mais aussi de mieux anticiper les impacts du changement climatique sur ces ressources vitales. En disposant d’une connaissance précise de son patrimoine hydrogéologique, l’Éthiopie se donne les moyens d’élaborer des stratégies d’adaptation plus efficaces face aux défis hydriques à venir.