Ce pays d’Afrique ferme 14 secteurs aux étrangers et durcit les règles d’investissement

Zimbabwe étrangers

Crédits photo : Kaique Rocha / Pexels

Les étrangers vont devoir changer de stratégie au Zimbabwe. Harare a publié au Journal officiel le 11 décembre 2025 l’instrument statutaire 215. Le texte réserve quatorze secteurs économiques aux citoyens zimbabwéens. Les entreprises étrangères déjà implantées dans ces activités disposent de trois ans pour céder 75 % de leurs parts à des partenaires locaux. La règle impose un transfert progressif de 25 % par an.

Les secteurs concernés couvrent des activités du quotidien. Les transports de passagers, taxis et bus tombent sous cette restriction. Les salons de coiffure, instituts de beauté et boulangeries aussi. Bref, le gouvernement cible les commerces de proximité. Les agences de recrutement, de publicité et immobilières figurent également sur la liste. Le tabac, l’exploitation minière artisanale, le forage de puits et la vente au détail de médicaments complètent l’inventaire.

Le ministre de l’Industrie et du Commerce a justifié cette politique par la nécessité « de promouvoir l’autonomisation économique des Zimbabwéens autochtones ». Les autorités affirment vouloir protéger les secteurs à faible barrière à l’entrée contre la domination étrangère. D’ailleurs, l’exploitation minière artisanale a longtemps été dominée par des opérateurs chinois dans l’or, le chrome et le lithium.

Certains secteurs restent accessibles aux investisseurs étrangers sous conditions. Le commerce de détail et de gros exige un investissement minimum de 20 millions de dollars et l’embauche d’au moins 200 Zimbabwéens. Le transport et la logistique nécessitent 10 millions de dollars et 100 employés locaux. Ces seuils excluent de facto les petites et moyennes entreprises étrangères.

Le texte criminalise les tentatives de contournement. Les montages frauduleux et les prête-noms risquent la suspension ou l’annulation des licences commerciales. Les autorités ont créé une unité spécialisée pour vérifier la propriété réelle des entreprises. Cette unité peut exiger des déclarations sous serment des propriétaires enregistrés.

Les secteurs stratégiques échappent aux restrictions. Les mines à grande échelle, la banque et l’industrie manufacturière restent ouverts aux capitaux étrangers. Seules les activités diamantifères et platinifères imposent une participation locale de 51 %. Le gouvernement maintient ainsi une distinction entre économie de base et secteurs à forte intensité capitalistique.

Les statistiques officielles révèlent un effondrement des investissements locaux. Leur valeur a chuté de 98 % au troisième trimestre 2025 par rapport à la même période de 2024. Enfin, les flux d’investissements étrangers ont néanmoins continué dans certains secteurs à forte intensité de capital. L’Agence pour l’investissement et le développement du Zimbabwe (ZIDA) a délivré 200 licences au quatrième trimestre 2024, soit une hausse de 19 % sur un an.

Les analystes économiques expriment des réserves. Ils redoutent que cette politique décourage les investisseurs étrangers et perturbe les chaînes d’approvisionnement. La Confédération des industries du Zimbabwe a observé que l’utilisation des capacités manufacturières est tombée à 52,3 % en 2024 contre 53,2 % en 2023. L’incertitude politique reste un obstacle persistant au développement économique.

Le président Emmerson Mnangagwa a pris le pouvoir en novembre 2017 après la démission de Robert Mugabe. Son gouvernement cherche depuis à attirer les investissements directs étrangers tout en préservant des espaces réservés aux nationaux. Cette tension entre ouverture et protectionnisme caractérise la politique économique zimbabwéenne depuis plusieurs années.

La période de transition commence donc. Les trois prochaines années détermineront si cette politique parvient à concilier autonomisation citoyenne et stabilité économique. Le texte prévoit que le ministre peut révoquer les permis en cas de manquement aux obligations ou de fraude. La question de l’équité et de l’attractivité du pays reste posée.

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