Lors du FRA Fintech Forum 2025, organisé au Caire, le président de l’Autorité générale de régulation financière (FRA), le Dr Mohamed Farid, a animé une session de dialogue ouverte rassemblant des figures clés du secteur de la fintech, des investisseurs, ainsi que des représentants de start-ups et d’organisations engagées dans la modernisation des services financiers en Égypte.
Une initiative saluée comme un signal fort d’ouverture et de volonté de réforme de la part du principal régulateur des marchés non bancaires du pays.
Animée par Seif El-Khawanqi, directeur exécutif du CIPE, et Mohamed Abou El-Naga, fondateur de la plateforme “Exits”, la session visait à consolider la relation entre les autorités et les opérateurs privés, tout en recueillant des propositions concrètes sur les obstacles à lever pour faire avancer la digitalisation du secteur financier.
Pour Mohamed Farid, il ne fait plus aucun doute que « la transformation numérique n’est plus un choix, mais une nécessité stratégique ».
Le président de la FRA insiste sur la double exigence qui pèse aujourd’hui sur les régulateurs : garantir l’ouverture des marchés tout en assurant leur stabilité.
Il affirme que l’innovation, notamment portée par les technologies financières, est un levier puissant pour démocratiser l’accès à l’épargne, stimuler l’investissement à long terme, et structurer une classe moyenne plus résiliente.
Au cours de la discussion, les participants ont salué les réformes déjà engagées par la FRA, notamment la simplification du processus de délivrance des licences, mais ont aussi insisté sur la nécessité d’aller plus loin, en élargissant la gamme de services numériques autorisés et en accélérant leur mise en œuvre sur le terrain.
Fintech : un arsenal législatif pour soutenir l’innovation
Depuis 2022, l’Autorité a adopté une série de textes réglementaires pour encadrer et stimuler l’essor de la fintech en Égypte.
La loi n°5/2022 a posé les bases légales de l’usage des technologies financières dans les services non bancaires.
Elle a été suivie de plusieurs décisions exécutives : la décision n°58/2022 fixant les critères de licence pour les entreprises fintech, la décision n°139/2023 sur l’infrastructure numérique, la n°140/2023 sur l’identité numérique et les contrats électroniques, ou encore la n°141/2023 encadrant les prestataires de services externalisés du secteur.
Ce cadre vise à garantir un environnement sécurisé et transparent pour les utilisateurs, tout en permettant aux entreprises innovantes de se développer dans un contexte réglementaire clair.
Le développement d’un système intégré d’identification numérique lié au numéro de téléphone mobile a, selon le Dr Farid, permis un bond en avant notable : plus de 200 000 comptes ouverts dans des fonds d’investissement en or en une année, avec plus de 2 milliards de livres égyptiennes mobilisées.
Une approche inclusive pour les start-ups
Fidèle à son approche participative, l’Autorité entend alléger les contraintes pesant sur les jeunes pousses.
Cela passe par des procédures d’agrément assouplies, une réduction des coûts de conformité en phase de démarrage, et l’accès à des outils de financement innovants grâce à des partenariats avec des institutions financières internationales.
Le soutien aux start-ups constitue, selon le président de la FRA, un pilier essentiel pour faire émerger un écosystème fintech robuste.
Autre chantier en cours : le développement d’un cadre plus flexible pour le financement participatif, adapté à l’évolution rapide des instruments financiers numériques. L’Autorité mène actuellement des consultations avec les acteurs concernés pour finaliser ces nouvelles règles.
Conjuguer innovation et régulation
Pour le Dr Farid, l’enjeu est de taille : faire de la digitalisation un levier pour moderniser les marchés financiers non bancaires, tout en instaurant des garde-fous pour éviter les dérives.
Il affirme que le dialogue avec le secteur privé sera maintenu au cœur de la stratégie réglementaire de la FRA, afin de garantir un équilibre durable entre innovation technologique, protection des consommateurs et stabilité du marché.
Avec une législation renforcée, des infrastructures numériques en plein essor, et une volonté affichée de concertation, la FRA semble déterminée à inscrire la fintech dans le paysage économique égyptien comme un moteur stratégique de croissance.