La Tunisie a dit sa « profonde stupéfaction » après avoir été critiquée par le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme.
Pour rappel, ce dernier a dénoncé la « persécution » des opposants dans le pays.
Comment la Tunisie a réagi face aux propos de l’ONU ?
« La Tunisie n’a pas besoin de souligner son attachement à la protection des droits de l’Homme », a affirmé le ministère tunisien des Affaires étrangères dans un communiqué.
L’ampleur du message apparait aussi à travers le nombre de langues dans lesquelles, il a été véhiculé.
En effet, il a été traduit et diffusé en arabe, français et anglais publié sur Facebook dans la nuit de lundi à mardi 25 février 2025.
Le ton adopté par la diplomatie tunisienne reflète une position défensive mais ferme.
« La Tunisie pourrait donner des leçons à ceux qui pensent être en position de faire des déclarations ou donner des leçons », a-t-il ajouté.
Il faut savoir que le mardi 18 février 2025, le Haut-Commissariat avait appelé les autorités tunisiennes à « cesser toute forme de persécution des opposants politiques et à respecter le droit à la liberté d’opinion et d’expression ».
L’instance onusienne avait également demandé « la libération immédiate, pour des raisons humanitaires, de celles et ceux qui sont d’un âge avancé et qui souffrent de problèmes de santé ».
Les critiques de l’ONU semblent avoir eu un effet immédiat, bien que limité.
Le lendemain, Sihem Bensedrine, l’une des militantes des droits humains les plus connues du pays, détenue depuis août, avait été remise en liberté.
Toutefois, cette libération n’est que partielle puisque la septuagénaire reste poursuivie et interdite de voyager, soulignant les limites des concessions accordées par le pouvoir tunisien.
Depuis le coup de force de l’été 2021 par lequel le président Kais Saied s’est octroyé les pleins pouvoirs, l’opposition et des ONG tunisiennes et étrangères dénoncent une régression des droits et libertés en Tunisie.
La trajectoire politique du pays, jadis considéré comme le seul succès durable du Printemps arabe, inquiète la communauté internationale.
Le ministère tunisien des Affaires étrangères a assuré que le renvoi des accusés mentionnés par l’ONU s’était fait « pour des crimes de droit public qui n’ont aucun lien avec leur activité partisane, politique ou médiatique, ou avec l’exercice de la liberté d’opinion et d’expression ».
Cette distinction entre poursuites politiques et poursuites de droit commun constitue l’argument central des autorités tunisiennes pour justifier ces détentions.
Des dizaines de personnalités politiques, dont le chef du parti islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, ainsi que des hommes d’affaires et des journalistes, sont actuellement en détention.
La majorité d’entre eux sont poursuivis pour complot « contre la sûreté de l’État », chef d’accusation suffisamment large pour englober de nombreuses formes d’opposition politique. M. Ghannouchi a notamment été condamné à 22 ans de prison début février, une peine particulièrement lourde qui témoigne de la sévérité croissante du régime.
Un procès très attendu, connu sous le nom d‘« affaire du complot contre la sûreté de l’État », doit en outre s’ouvrir le 4 mars, date qui pourrait marquer un nouveau tournant dans les relations entre la Tunisie et les organisations internationales de défense des droits humains.