L’Égypte, pays d’Afrique du Nord, a présenté un plan de 53 milliards de dollars pour reconstruire la bande de Gaza sur cinq ans, axé sur les secours d’urgence, la reconstruction et le développement économique à long terme, selon un projet de document que l’AFP a pu consulter mardi.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a déclaré en soirée que ce plan, soumis à un sommet arabe extraordinaire au Caire, avait été adopté par les dirigeants arabes.
Le plan était présenté comme une alternative à celui du président américain Donald Trump proposant de placer sous contrôle américain le territoire palestinien dévasté par la guerre, et à déplacer sa population vers l’Égypte et la Jordanie voisines.
Les Palestiniens, ainsi que les États arabes et de nombreux autres pays à travers le monde, ont condamné la proposition du président américain, rejetant toute tentative d’expulsion des habitants de la bande de Gaza.
Phase de réponse rapide
Le plan de ce pays d’Afrique du Nord, partagé avec l’AFP par une source diplomatique, prévoit deux étapes : une phase de réponse rapide suivie d’une phase de reconstruction.
La phase de réponse rapide, une première étape de six mois qui devrait coûter 3 milliards de dollars, sera axée sur le « déblaiement des débris, l’enlèvement des mines et des matériaux non explosés et la fourniture de logements temporaires. »
Au cours de cette phase, sept sites devraient être aménagés pour abriter plus de 1,5 million de personnes dans des unités d’habitation préfabriquées, chacune pouvant accueillir en moyenne six résidents.
Elle prévoit également la réparation de 60.000 habitations partiellement endommagées pouvant accueillir 360.000 personnes.
Phase de reconstruction
La phase de reconstruction prévoit deux étapes sur une période de quatre ans et demi.
La première, qui durera jusqu’en 2027 et sera dotée d’un budget de 20 milliards de dollars, se concentrera sur la reconstruction des infrastructures essentielles, notamment les routes, les réseaux de distribution et les installations de services publics.
Durant cette phase, sont prévues la construction de 200.000 unités de logement permanent pour 1,6 million de personnes et l’aménagement de 20.000 acres de terres.
Lors de la deuxième étape qui devrait s’étendre jusqu’en 2030 pour un coût estimé à 30 milliards de dollars, l’objectif serait d’achever les projets d’infrastructure, construire 200.000 nouveaux logements, établir des zones industrielles, un port de pêche, un port commercial et un aéroport.
Financement
Le plan égyptien propose la création d’un fonds supervisé au niveau international pour garantir « l’efficacité, la durabilité du financement » ainsi que « la transparence et la surveillance nécessaires » du plan.
Le Caire prévoit d’accueillir une conférence ministérielle de haut niveau réunissant les pays donateurs, les institutions financières internationales et régionales, le secteur privé et la société civile afin de mobiliser les financements nécessaires.
Selon le média égyptien Al-Qahera News, proche des autorités, le sommet arabe soutient la tenue d’une telle conférence qui se tiendrait en mars.
Qui dirigera Gaza ?
Selon le projet, le Hamas sera marginalisé et remplacé à Gaza par un comité composé de technocrates indépendants et de personnalités non partisanes, sous l’égide de l’Autorité palestinienne. Ce comité sera chargé de gérer le territoire pendant une période de transition de six mois avant une reprise totale du contrôle de la bande de Gaza par l’Autorité palestinienne, basée en Cisjordanie occupée.
L’Autorité palestinienne gouvernait Gaza avant d’en être évincée par le Hamas en 2007. Après l’attaque menée par le mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre 2023, Israël a dit vouloir éliminer le Hamas et s’assurer qu’il ne jouerait aucun rôle dans la gouvernance de Gaza.
Pour soutenir cette transition, le projet prévoit que ce pays d’Afrique du Nord et la Jordanie forment les forces de sécurité palestiniennes pour les préparer au maintien de l’ordre à Gaza. Le plan appelle également à un soutien international et régional pour financer cet effort.
Il évoque aussi la possibilité d’une présence internationale dans les territoires palestiniens, notamment à travers une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU prévoyant le déploiement de forces de maintien de la paix ou de protection à Gaza et en Cisjordanie occupée. Cela s’inscrirait dans un « calendrier » plus large « menant à la création d’un Etat palestinien et au renforcement de ses capacités. »
Le document reconnaît le défi à relever face aux multiples factions armées à Gaza, affirmant que le problème pourrait être résolu si un « processus politique crédible » est mis en place pour rétablir les droits des Palestiniens et offrir une « perspective » pour l’avenir.
Le projet de communiqué final du sommet arabe appelle à la tenue d’élections dans l’ensemble des territoires palestiniens dans un délai d’un an, si les conditions sont réunies, selon des médias égyptiens proches de l’État.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a déclaré mardi que l’Autorité palestinienne était prête à organiser des élections présidentielle et législatives l’année prochaine, près de vingt ans après le dernier scrutin général.
Avec AFP