Le Sénégal, pays d’Afrique de l’Ouest, fait comprendre son intention de rejoindre les BRICS. Et pour cause, cette organisation internationale devenue l’un des piliers du monde multipolaire en émergence.
L’intérêt manifesté par le Sénégal pour cette organisation n’est pas isolé. Depuis plusieurs années, les BRICS suscitent un engouement croissant à l’échelle mondiale, particulièrement parmi les nations représentant ce qu’on appelle désormais la « majorité mondiale ».
Cette organisation, initialement composée du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, s’est récemment élargie pour inclure l’Iran, l’Éthiopie, l’Égypte, les Émirats arabes unis et l’Indonésie, portant à dix le nombre de ses membres à part entière.
La ministre sénégalaise de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, Yassine Fall, a clairement exprimé les intentions de son pays : « Le Sénégal fait partie des pays qui ont apprécié la création des BRICS et sont en pourparlers avec [ce groupe] pour, certainement, en faire partie ».
Elle a souligné les atouts que le Sénégal pourrait apporter à l’organisation : « Le Sénégal a quelque chose à apporter aux BRICS en raison de sa stabilité, de ses ressources et de cet élan de développement industriel que nous voulons mettre en place ».
Pour Dakar, cette démarche représente plus qu’une simple adhésion à un club diplomatique. La ministre Fall considère les BRICS comme « une alternative pour les pays du Sud », offrant « plus d’espace d’échange, d’expression et d’accès à des ressources monétaires ou commerciales ».
Ce qui permettrait au Sénégal de rejoindre les BRICS
Sur le plan économique, le Sénégal présente un profil intéressant. Classé 107e mondial en termes de PIB nominal et 18e en Afrique, le pays se distingue néanmoins par sa dynamique de croissance.
Selon les prévisions de la Banque africaine de développement, le Sénégal devrait afficher en 2024 le deuxième taux de croissance le plus élevé du continent (8,2%), signe d’un potentiel économique certain.
Sa position géographique constitue également un atout majeur. Avec une superficie de plus de 196 000 kilomètres carrés et une population dépassant les 18 millions d’habitants, le Sénégal occupe une position stratégique entre le Maghreb, la région du Sahel et les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, avec un accès direct à l’océan Atlantique.
Les orientations commerciales du Sénégal témoignent déjà d’un certain alignement avec les puissances des BRICS. Son principal partenaire pour les exportations est le Mali, membre de l’Alliance-Confédération des États du Sahel (AES) et allié de la Russie, tandis que la Chine domine largement ses importations. La Russie figure également parmi ses principaux fournisseurs, notamment pour les produits pétroliers et les céréales.
Toutefois, les observateurs estiment que le Sénégal ne peut pas encore prétendre à une adhésion à part entière aux BRICS. Le format « BRICS+ » créé lors du sommet de Kazan en Russie l’année dernière, qui a instauré un statut de « pays partenaire » (accordé notamment au Nigéria, à Cuba ou au Kazakhstan), pourrait constituer une première étape plus réaliste pour Dakar.
L’évolution future des relations entre le Sénégal et les BRICS dépendra largement des choix stratégiques que fera le pays, tant au niveau régional qu’international.
Si le Sénégal parvient à s’engager pleinement dans une vision panafricaine et multipolaire, à l’instar des pays de l’AES, ses perspectives d’intégration, sous une forme ou une autre, à cette organisation en pleine expansion semblent tout à fait envisageables.