L’Erythrée, pays extrêmement fermé de la Corne de l’Afrique, « reconstruit son armée » et « continue de déstabiliser ses voisins » depuis la levée en 2018 d’un embargo sur les armes, affirme l’ONG américaine The Sentry.
Le pays est dirigé d’une main de fer par Issaias Afeworki depuis son indépendance de l’Ethiopie en 1993, soit plus de 30 ans.
L’Erythrée, qui compte 3,5 millions d’habitants, occupe la queue de peloton de nombreux classements internationaux, notamment en matière de liberté de la presse (180e sur 180 en 2025 selon Reporters sans frontières) ou de développement humain (175e sur 183 en 2022 selon l’ONU).
L’embargo sur les armes avait été instauré par l’ONU en 2009, pour le soutien présumé de l’Erythrée aux jihadistes en Somalie.
Depuis sa levée, Asmara « reconstruit son armée, renforce ses défenses et continue de déstabiliser ses voisins », en particulier l’Ethiopie, alerte dans un rapport publié le lundi 30 juin 2025, l’ONG The Sentry, spécialisée dans la traque de l’argent de la corruption qui finance les guerres.
« Il faut s’attendre à ce que cela continue », poursuit l’ONG.
Interrogé sur ces accusations, le ministre érythréen de l’Information Yemane Ghebremeskel n’a pour l’heure pas donné suite aux sollicitations de l’AFP.
The Sentry revient également sur les exactions commises entre 2020 et 2022 pendant la guerre du Tigré, région éthiopienne frontalière de l’Érythrée où un violent conflit a opposé des rebelles à l’armée fédérale, appuyée par des soldats érythréens. Au moins 600.000 personnes ont été tuées selon une estimation de l’Union africaine.
« Des crimes de guerre ont été perpétrés par toutes les parties au conflit, mais la nature des atrocités et des profits de guerre perpétrés par (l’armée érythréenne) était sans précédent, tant par leur ampleur que par leur préméditation », écrit l’ONG, évoquant des « massacres », des « violences sexuelles généralisées », ainsi que des pillages.
Un accord de paix a mis fin aux combats, mais des troupes érythréennes sont toujours présentes au Tigré.
En 2018, la levée des sanctions était soutenue par l’Ethiopie, où Abiy Ahmed venait d’être désigné Premier ministre. Ce dernier a obtenu le prix Nobel de la paix l’année suivante après un accord de paix signé avec l’Erythrée.
Avec AFP