Le continent africain pourrait ne plus dépendre des autres pays s’il disposait d’assez de tracteurs pour entièrement mécaniser son agriculture. Le souci de la mécanisation agricole se pose dans plusieurs nations dont le Nigeria.
Dans le pays le plus peuplé d’Afrique, l’agriculture représente 20,2 % du PIB (données 2014). Le secteur agricole emploie plus de 70 % de la population. En outre, le pays dispose de 70,8 millions d’hectares de terres cultivables et de conditions agro-écologiques variées.
Avec deux des plus grands fleuves d’Afrique, le Nigeria possède un potentiel agricole immense. Malgré ce grand potentiel, le Nigeria se tourne vers d’autres continents pour avoir des produits agricoles.
Pour changer la donne, le président Bola Ahmed Tinubu a multiplié les initiatives ambitieuses dans le cadre du programme « Renewed Hope ».
Des tracteurs et de l’engrais pour le pays africain le plus peuplé
Dans un contexte marqué par les défis économiques et les tensions inflationnistes, les autorités poussent pour renforcer la résilience du secteur agricole et garantir une alimentation suffisante, abordable et durable pour la population nigériane.
Parmi les projets phares figure la réception de plus de 1 000 tracteurs destinés à soutenir la mécanisation agricole. Cette initiative, supervisée directement par le président Tinubu, s’inscrit dans une volonté de moderniser les pratiques agricoles du pays.
En parallèle, le gouvernement a lancé une phase de commercialisation structurée pour améliorer l’accès des producteurs au marché.
Pour stabiliser les prix et éviter les pénuries, environ 42 000 tonnes métriques de céréales et 58 200 tonnes de riz blanchi ont été distribuées dans le cadre de la Réserve stratégique de céréales, un instrument crucial pour la gestion des stocks nationaux.
Face à l’envolée des prix des intrants, la Banque centrale du Nigeria a offert 2,15 millions de sacs d’engrais au ministère de l’Agriculture, qui les a redistribués gratuitement aux agriculteurs.
Cette mesure vise à freiner l’inflation alimentaire et à renforcer la productivité à la veille de la saison des plantations.
Autre geste fort : le président Tinubu a approuvé la recapitalisation historique de la Banque de l’agriculture (BOA) à hauteur de 1 500 milliards de nairas.
Cette décision vise à élargir l’accès au financement pour les petits exploitants, pilier de l’agriculture nigériane. Le gouvernement a également misé sur le numérique en lançant la plateforme nationale de vulgarisation électronique (NEEP), destinée à améliorer l’accès aux services agricoles à travers des outils technologiques.
Cette plateforme s’inscrit dans une logique de modernisation de l’information et de renforcement des compétences paysannes. Pour soutenir le tissu coopératif, des formations et ateliers ont été organisés dans les collèges fédéraux de coopération du Nord et du Sud, dans l’objectif de dynamiser les sociétés coopératives, vecteurs essentiels de solidarité économique et d’accès au crédit rural.
En partenariat avec la Banque mondiale, 600 millions de dollars ont été mobilisés pour le projet RAAMP (projet d’accès rural et de commercialisation agricole), qui vise la réhabilitation de 200 000 km de routes rurales.
Ces infrastructures sont essentielles pour faciliter le transport des produits agricoles vers les marchés et réduire les pertes post-récolte. Le programme national de croissance agricole Agro-Pocket (NAGS-AP) a, quant à lui, enregistré des milliers d’agriculteurs à travers le pays, leur fournissant des intrants subventionnés pour booster leur rendement. Ces intrants comprennent engrais, semences, produits agrochimiques et autres matériels essentiels.
Enfin, un partenariat stratégique avec la Commission nationale de gestion de l’identité (NIMC) a été lancé pour renforcer la transparence et la traçabilité dans la distribution des aides agricoles, via une meilleure vérification des identités et la centralisation des données des agriculteurs.
L’administration Tinubu entend bien le concrétiser, en posant les jalons d’une souveraineté alimentaire durable.